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MM. Rinuccini et Geloso ont dignement marché sur les traces de leurs illustres devanciers. Ils ont donné à l’allegro con brio la gaieté et l’ardeur voulues, chanté gracieusement le thème de l’andante, attribué à chaque variation le caractère qui lui est propre. La variation du violon a été prestigieuse. Le rondo final a été entraînant et joyeux à souhait.

La deuxième sonate est d’une interprétation un peu plus ardue. Elle a été rendue aussi excellemment que la première. Dans le premier mouvement la vivacité a cédé, quand il le fallait, la place à l’expression. L’allegretto a été dit avec un sentiment fin et délicat. Le final avec une aimable expression.

La troisième sonate en mi bémol avait été inscrite au programme d’un concert donné, il y a quatre ans, par les frères Geloso, à la Société de musique classique lyonnaise. Le programme a été changé au dernier moment. La troisième sonate a été remplacée par la septième en ut mineur. Inutile de dire que les frères Geloso ont triomphé dans cette dernière.

Ils auraient également triomphé avec la troisième, comme l’ont fait MM. Rinuccini et Geloso. Tout auditeur a pu se douter que le superbe allegro con spirito, est pour les deux instruments hérissé de sérieuses difficultés ? Toute l’intense émotion de l’adagio a été communiquée à l’assistance. Quelle joyeuse vaillance dans le rondo final !

Les applaudissement ont éclaté unanimes. Certes ils avait été nourris après chacune des deux premières sonates. Après la troisième les bravos ont été autrement plus chauds. La grandeur et la beauté de l’œuvre avaient enthousiasmé la salle entière. Une splendide exécution l’avait subjuguée.

La quatrième sonate plus gracieuse, mais moins puissante, n’a pas eu sur le public la même portée que la précédente. Peut-être une sonorité trop éclatante a-t-elle retiré quelque peu de leur grâce et de leur délicatesse à la fugue de l’andante scherzoso ainsi qu’à certains exquis passages du final. Sauf cette légère imperfection, l’exécution a été fort bonne.

En somme, soirée de haute valeur artistique. Quatre sonates de Beethoven supérieurement interprétées par deux artistes n’ayant d’autre idéal que d’en faire ressortir les beautés, ont charmé, ému et transporté l’auditoire.

Vendredi dernier, salle Philharmonique, un intéressant concert donné par Mlle Hélène Barry, pianiste, avec le concours de M. Dressen, violoncelliste.

Programme intéressant et très varié, allant de Bach et Hændel à Schumann, Chopin, César Franck et Saint-Saëns.

Mlle Barry s’est montrée artiste consciencieuse dans son interprétation très fine de la Gavotte variée de Hændel et très brillante de la Novelette en la de Schumann. Mais pourquoi n’a-t-elle jouée que Prélude et Choral de Franck en laissant de côté la Fugue admirable qui fait partie intégrante de l’œuvre ? D’ailleurs Mlle Barry, dont le talent est tout de délicatesse et de nuances était plus à l’aise dans les Préludes de Chopin qu’elle a traduits à la perfection.

M. Dressen — violoncelliste solo des Concerts Lamoureux et professeur à la Schola Cantorum — s’est montré excellent virtuose dans des œuvrettes de Locatelli et de Popper, ces spécialistes du violoncelle, et parfait musicien dans la sonate de Saint-Saëns. Le concert s’est terminé par les Variations symphoniques de Boëllmann, œuvre très connue, bien écrite, et non dépourvue de banalité.

Ce soir mercredi, troisième concert de la Symphonie Lyonnaise. Au programme, œuvres de Beethoven, Wagner, Chabrier.

Dimanche prochain, 7 février, à 2 h. 1/2, salle Philharmonique, deuxième concert Marteau consacré aux œuvres de Gabriel Fauré avec le concours de l’auteur.

Au programme : quatuor avec piano en sol mineur, no ii ; sonate pour piano et violon ; quatuor avec piano en ut mineur.

MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu’il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.