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      1e Année
no 13                                                    Mardi 12 Janvier 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

CÉSAR FRANCK

Le 7 novembre 1890, s’éteignait, en pleine vigueur, un artiste de génie dont le nom, alors presque ignoré de ce qu’on est convenu d’appeler le grand public, gagna peu à peu en célébrité et s’impose actuellement au respect et à l’admiration de tout ce qui touche à l’art musical, au même titre que les noms des plus grands maîtres des temps passés.

Simples comme sa vie furent ses obsèques. Aucune délégation officielle du Ministère ou de l’Administration des Beaux-Arts ne l’accompagna à sa dernière demeure. Seuls, ses nombreux élèves et les musiciens que son talent et son affabilité sans bornes avaient su attirer à lui formèrent une couronne de respectueuse admiration autour du cercueil du maître regretté.

César Franck, en mourant, avait légué à son pays d’adoption une école symphonique bien vivante et vigoureusement constituée, telle que la France n’en avait jamais produite jusqu’alors. Qui veut avoir une notion complète du caractère de ce grand musicien doit l’étudier au triple point de vue de l’homme, de l’artiste et de l’éducateur, en d’autres termes, considérer sa vie, son œuvre, son enseignement ; telle sera donc la division de cet essai.

L’homme
i

César-Auguste Franck naquit à Liège, le 10 décembre 1822. Sa biographie tient en quelques lignes, car son existence fut sans heurts ni convulsion romantiques, mais s’écoula dans le calme d’un incessant labeur, ainsi qu’on aime à se représenter la vie des artistes-ouvriers des belles époques de l’art primitif. Sans fortune, élevé par un père d’une extrême sévérité voisine de la dureté égoïste, César s’habitua dès l’enfance à ne pas rester un seul instant inactif. À quinze ans, il avait terminé ses études à l’École de musique de sa ville natale et entrait au Conservatoire de Paris, d’où il sortit au bout de quatre années avec les prix de piano, de fugue et d’orgue, ce dernier dans des circonstances particulières qui méritent d’être rapportées. On sait que le concours d’orgue, entre autres épreuves, comprend, encore actuellement, l’improvisation d’un morceau de forme libre sur un thème donné, puis d’une fugue dont le sujet est également fourni par l’un des membres du jury.

César Franck, remarquant que les deux