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tubes dans l’intérieur d’un entonnoir dont la partie la plus étroite entrait dans le sommier, et la partie la plus large s’enfonçait dans l’eau contenue dans un réservoir. Cette eau agitée par l’introduction de l’air donnait une impulsion à l’air de l’entonnoir qui s’échappait par l’ouverture de l’entonnoir dans les canaux du sommier. Des règles en bois percées de trous et reliées au clavier servaient à l’introduction de l’air dans les tuyaux. L’orgue hydraulique était l’instrument favori de Néron et d’Héliogabale. C’est de l’hydraule que Tertullien parle avec enthousiasme lorsqu’il parle de « cette machine étonnante et magnifique, de cet assemblage de sons et de voix formant des modulations agréables où la multiplicité des tuyaux ressemble à une armée rangée en bataille. Le vent excité par le mouvement de l’eau est distribué par parties de sorte que cet instrument qui n’est qu’unique en substance est capable des effets les plus variés. Citons également le poème du Porphyre Optasien dédié à l’empereur Constantin dont les vers inégaux sont groupés de façon à représenter le schéma d’un orgue.

(À suivre)

Daniel Fleuret.

À TRAVERS LA PRESSE

Deux Lettres de Liszt

Le Ménestrel a publié dernièrement deux lettres de Liszt que nous reproduisons ci-dessous.

La première est une réponse à un article non signé paru dans la Revue des Deux-Mondes du 15 octobre 1840, sous le titre de Revue Musicale, et qui se terminait ainsi :

« … Il nous faut des danseuses, des cantatrices, des pianistes ; nous n’avons d’enthousiasme et d’or que pour les tours de force ; nous en voulons pour nos yeux et pour nos oreilles. Pourvu que nos sens se réjouissent, le reste nous importe peu ; nous laisserions Pétrarque dans la rue pour mener la Elssler au Capitole, nous laisserions Beethoven et Weber mourir de faim pour donner un sabre d’honneur à M. Liszt. »

Voici la lettre de Liszt :

Monsieur,

Dans votre Revue Musicale du 15 octobre dernier, mon nom se trouve prononcé à l’occasion des prétentions outrées et des succès exagérés de quelques artistes exécutants ; je prend la liberté de vous adresser à ce sujet une observation.

Les couronnes de fleurs jetées aux pieds de Mlles Elssler et Pixis par les dilettantes de New-York et de Palerme sont d’éclatantes manifestations de l’enthousiasme d’un public ; le sabre qui m’a été donné à Pesth est une récompense donnée par une nation sous une forme toute nationale.

En Hongrie, Monsieur, dans ce pays de mœurs antiques et chevaleresques, le sabre a une signification patriotique. C’est le signe de la virilité par excellence ; c’est l’arme de tout homme ayant le droit de porter une arme. Lorsque six d’entre les hommes les plus marquants de mon pays me l’ont remise aux acclamations générales de mes compatriotes, pendant qu’au même moment les villes de Pesth et d’Œdenburg me conféraient les droits de citoyen et que le comitat de Pesth demandait pour moi des lettres de noblesse à Sa Majesté, c’était me reconnaître de nouveau, après une absence de quinze années, comme Hongrois ; c’était une récompense de quelques légers services rendus à l’art dans ma patrie ; c’était surtout, et je l’ai senti ainsi, me rattacher glorieusement à elle en m’imposant de sérieux devoirs, des obligations pour la vie, comme homme et comme artiste.

Je conviens avec vous, Monsieur, que c’était, sans nul doute, aller bien au delà de ce que j’ai pu mériter jusqu’à cette heure. Aussi, ai-je vu dans cette solennité, l’expression d’une espérance encore plus que celle d’une satisfaction. La Hongrie a salué en moi l’homme dont elle attend une illustration artistique après toutes les illustrations guerrières et politiques qu’elle a produites en grand nombre. Enfant, j’ai reçu de mon pays de précieux témoignages d’intérêts et les moyens d’aller au loin développer ma vocation d’artiste. Grandi, après de longues