tantis sive pulsantis cytharam et organum. Jubal fut le père et l’inventeur des joueurs de cythare et d’orgue. Le Psaume 150 de David mentionne l’existence d’un instrument appelé organum : Laudate Dominum in organo : Louez le Seigneur sur l’orgue. Platon nomme organum un instrument à vent ou à cordes. Les éléments de l’orgue se trouvent à l’état embryonnaire dans la flûte de Pan, l’antique Syrinx composée de sept tuyaux et la Maschrokitha, des Hébreux qui suivant Marpurg possédait une rangée de tubes sonores placés sur un sommier rudimentaire. Il faut aussi mentionner le tscheng des chinois, l’un des types primitifs de l’instrument ecclésiastique. Cet orgue primitif était composé de vingt tuyaux de bambou alimentés par un réservoir rempli d’air. N’oublions point la margrapha des Israëlites, capable de produire cent sons différents.
Roi des instruments par son origine, il l’est aussi par sa structure. L’orgue appartient à tous les arts. Il en est la synthèse. La variété infinie des sons, l’harmonie prodigieuse qui s’en échappe lui donnent la première place au point de vue musical. Il se réclame de l’architecture par la pureté de ses lignes, la juste mesure de ses proportions. La mécanique y est représentée par la précision des mouvements, l’ingénieuse complication des différentes pièces qui le composent. L’orgue est un tout complexe, une machine aux rouages compliqués, un grand corps animé d’un souffle, d’une vie surnaturelle.
D’abord, à la base de l’instrument, la soufflerie qui emmagasine l’air et en fait d’abondante provisions qu’un utile intermédiaire portera selon les besoins à la demeure où reposent les tuyaux inertes et muets. C’est le sommier qui reçoit le souffle vivifiant, le divise dans ses flancs profonds, le repartit entre chacune des familles qu’il doit alimenter et l’envoie enfin jusqu’à la bouche des tubes sonores qu’il porte sur son sein, tandis que les registres dociles à la main de l’organiste lui ouvrent ou lui ferment le passage, selon les sonorités et les timbres que la fantaisie de ce dernier veut mettre en jeu.
Voici toute une troupe de tuyaux rangés en bataille. D’où part le commandement qui mettra en mouvement cette imposante armée ? C’est du clavier ; c’est là le cerveau de ce grand corps instrumental c’est lui qui commandera aux muscles et aux nerfs qui parcourent le corps de l’instrument, et voici que la pensée humaine traduite par le mouvement des doigts, le transmet par les articulations du mécanisme. Elle s’envole, et de l’instrument céleste, suspendu à la voûte de nos cathédrales, et qui semble atteindre l’au delà, sort une voix superbe, dont la grandeur nous courbe d’admiration et presque d’effroi.
Car Lamartine l’a dit :
On n’entend pas sa voix profonde et solitaire,
Se mêler hors du temple aux vains bruits de la terre
Les vierges à ses sons n’enchaînent point leurs pas
Et le profane écho ne les répète pas
Mais il élève à Dieu dans l’ombre de l’église
Sa grande voix qui s’enfle et court comme une brise
Et porte en saints élans à la Divinité
L’hymne de la nature et de l’humanité.
Laissant de côté les interprétations plus ou moins fantaisistes données aux instruments désignés dans l’écriture sous le nom d’organum, attachons-nous aux premières orgues vraiment dignes de ce nom et qui furent minutieusement décrites par les classiques grecs et latins. Le plus ancien instrument de ce genre dont on connaisse l’existence est l’orgue hydraulique d’Archimède (287 av. J. C.). L’architecte Vitruve nous en donne une description très complète. L’orgue hydraulique différait de l’orgue pneumatique en ce que la soufflerie consistait en deux cylindres de métal. Deux pistons placés à l’intérieur des cylindres servaient à aspirer l’air. Celui-ci était chassé à travers les