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revue musicale de lyon

Chronique Lyonnaise

GRAND-THÉÂTRE


La semaine musicale a été tout à fait calme ; comme chaque année, la trêve des confiseurs est un peu la trêve des musiciens. Point de concerts, et au Grand-Théâtre, pas de reprises ; les répétitions du Crépuscule des Dieux occupent suffisamment orchestre et chanteurs. La création de l’œuvre de Wagner, annoncée d’abord pour le milieu de décembre, puis pour la fin du mois, est maintenant annoncée pour la première semaine de janvier et il est très probable que la date sera encore reculée jusqu’au 10 ou 15 janvier.

Nous avons déjà annoncé le réengagement de M. Verdier et l’engagement de Mlle Milcamps pour la saison prochaine. Nous pouvons annoncer également celui de M. Dangès, un Lyonnais, de son vrai nom Guillermain, qui faisait partie de la troupe du Grand-Théâtre pendant la dernière année de M. Vizentini sous le nom de Stilermans ; et celui de M. Roosen, l’excellent baryton.

Il est dès maintenant décidé que l’orchestre municipal donnera, après la saison théâtrale, en avril-mai, une série de six concerts symphoniques dirigés par M. Flon.


À travers la Presse

Le Courrier Musical (Jean d’Udine). À propos de la musique de scène de F. Le Borne pour « l’Absent » pièce de M. Georges Mitchell.

« Cette partitionnette flatte l’une de mes marottes les plus tenaces. Elle démontre victorieusement que l’on peut écrire, en faisant œuvre d’artiste, de la symphonie excellente pour accompagnement de parlé. Je l’ai dit vingt fois : puisque vous ne savez plus ou que vous ne voulez plus (à cause des nécessités prosodiques et de la justesse des accents), puisque vous ne voulez plus écrire des mélodies vocales, vocalement intéressantes, laissez donc les comédiens déclamer librement, et concentrez dans l’orchestre seul toute la musique de vos drames lyriques. M. Le Borne prouve qu’on peut y réussir complètement et que la richesse polyphonique est conciliable avec une grande discrétion sonore. Quant à l’objection que l’on m’a souvent faite, à savoir que le parlé risque d’être faux par rapport à l’orchestre, voilà qui n’est guère à craindre avec les harmonisations nouvelles. Une dissonance de plus vous fait peur ? Je vous croyais plus brave, sinon plus téméraire ?… »

… Nous ne partageons pas du tout l’avis de M. Jean d’Udine. Nous ne ferons pas à sa théorie l’objection qu’il prévoit, encore qu’elle soit très justifiée ; qu’on essaie en effet de faire chanter dans Pelléas et Mélisande les rôles de femme par une voix d’homme et réciproquement, et l’on remarquera combien cette simple transposition d’un octave rend parfois dissonantes certaines phrases ; les oreilles sensibles ne seront-elles pas choquées davantage par le parlé ? Mais l’objection que nous ferons à notre excellent confrère est celle-ci : Le spectateur, amateur de théâtre seulement, qui va entendre une pièce avec musique de scène, estime que la musique le gène pour suivre les paroles et le musicien fait presque toujours la réflexion que nous nous avons entendues maintes fois : « Les comédiens ne pourraient-ils pas se taire ? Leurs histoires m’empêchent d’écouter la musique ! »

Dans son numéro du 15 décembre, la Renaissance Latine publie un très remarquable article de M. Camille Mauclair sur l’Esprit romain et l’Art français.

La grande revue (15 décembre), A. Messager. – À propos de la nouvelle école musicale italienne vériste.

« Le mot Vériste n’a aucune signification. Comment, en effet, peut-on voir dans les ouvrages récemment mis à jour la manifestation d’une nouvelle école vériste ou pas ? En quoi ces compositeurs diffèrent-ils de leurs prédécesseurs ? par une formule nouvelle ? par l’écriture ? par l’harmonisation ? par la tendance ou par l’exécution ? Rien dans tout cela cependant qui soit bien neuf. La forme est toujours la même, c’est bien toujours l’opéra tel qu’on l’avait conçu depuis Rossini, Bellini, Donizetti et autres ; rien de