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en plus estompées du thème de la Fin des dieux ; une dernière fois du bûcher fumant s’élève l’évocation du fier Siegfried, et

xviii

[partition à transcrire]

xviii. – Thème de la Rédemption par l’amour

tout s’éteint et s’apaise, tandis que le Golfe mystique chante la fin sublime du drame, la Rédemption par l’Amour (xviii)[1].

(À suivre),

Edmond Locard.

MESSALINE

d’Isidore DE LARA

Le Théâtre-Lyrique de la Gaieté, continuant bien mal une saison assez bien commencée, a donné cette semaine la première représentation à Paris de Messaline. L’œuvre de M. Isidore de Lara, dont nous avons été menacés plusieurs fois à Lyon, a été jugée durement par la presse parisienne, encore que certains critiques, comme M. Gauthier-Villars, aient été empêchés d’éreinter l’opéra nouveau par une indisposition dont le compositeur doit bénir l’opportunité. La note exacte a été donnée par M. Gaston Carraud, l’excellent critique de la Liberté. Dans son compte-rendu, M. Carraud dit longuement l’éloge de Mme Emma Calvé et des autres interprètes de Messaline et clot sa chronique par cette compendieuse et dure appréciation de la musique[2].

« Un amateur très distingué, dont les œuvres fleurissent sur la divine Côte d’Azur, M. Isidore de Lara, avait connu déjà de nombreux et bruants succès sur divers théâtres avec cette Messaline même et avec d’autres ouvrages. Il ne lui manquait que la consécration suprême que donne le public parisien. Il l’a voulue. Il l’a. »

Nous extrayons d’un article de notre éminent confrère Etienne Destranges, rédacteur en chef de l’Ouest Artiste, bien connu par ses remarquables études sur un bon nombre d’œuvres musicales, l’historique de Messaline et une excellente appréciation de l’œuvre :

« C’est l’un des faits les plus attristants de notre époque que l’histoire de cette Messaline partition d’aventure, arrivée, – tout arrive à l’heure actuelle, – à se faire représenter, non seulement sur certaines de nos grandes scènes de province, mais encore au nouveau Théâtre Lyrique de la Gaité, alors que maints opéras, d’auteurs bien français ceux-là, attendent vainement leur tour !

C’est à Londres, où sont fixés ses frères, les banquiers Cohen – le nom romantique de Lara, dissimule, en effet ces syllabes beaucoup moins nobles mais, en revanche, bien légitime – que l’auteur de Messaline débuta dans la carrière musicale. Douée, paraît-il, d’une jolie voix de baryton, il remportait de grands succès de salon avec des romances de son cru. Sa première œuvre de longue haleine, la Luce dell Asia, espèce de poème dramatico-symphonique à grand spec-

  1. On sait que lorsque Wagner vint à Paris, il en fut réduit pour vivre à des travaux d’art inférieur, tels que des arrangements d’airs connus pour cornet à piston, ou des réductions pour piano. C’est ainsi qu’il écrivit, assez médiocrement d’ailleurs, la partition de piano seul de La Favorite. C’est peut-être là que se trouve la cause d’un fait curieux : l’identité absolue du thème de la Rédemption par l’Amour, et de l’air Idole et si douce et chère. Que l’on compare la dernière reprise du thème, à la page 340 de la partition du Crépuscule (ligne 4) avec l’air de la Favorite à la page 12 de la partition piano seul, on verra facilement, les deux phrases étant dans le même ton de sol bémol, que les deux motifs, écrits à intervalle de sixte l’une par rapport à l’autre, sont absolument semblables. À telles enseignes qu’en les jouant simultanément, l’un constitue pour l’autre le plus banal et le plus régulier des accompagnements en marche harmonique parallèle, à l’intervalle de renversement de tierce.
  2. Distribution : Messaline, Emma Calvé, Harès, Renaud ; Hélion, Duc ; Tyndaris, Louise Blot ; Myrrhon, Ghasne ; Myrtille, Vinche.