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den, et médiocrement par MM. Périer, Allard et Maréchal.

Les concerts dominicaux ne nous ont rien révélé cette semaine. M. Colonne continue à fêter le centenaire de Berlioz en donnant la seconde audition de l’Enfance du Christ, cette œuvre charmante que j’ai toujours préférée à la Damnation de Faust, musique bien extérieure en somme et dont les couleurs vives séduisent pourtant le public plus que le charme discret de l’Enfance du Christ.

Comme dimanche dernier, on a fêté beaucoup le chef d’orchestre et les interprètes et, comme d’habitude, les mélomanes des dernières galeries se sont amusés pendant le concert à lancer sur les habitués de l’orchestre des flèches en papier, distraction bien inoffensive et dont j’avoue avoir goûté les charmes jadis quand l’orchestre nous révélait les beautés d’ordre spécial des œuvres du directeur de notre Conservatoire national[1].

Au Nouveau-Théâtre, M. Chevillard dirigeait dimanche du Beethoven, du Wagner et du Berlioz : Mme Raunay chanta avec un art admirable l’air de La prise de Troie, et l’orchestre donna d’excellentes exécutions de la Symphonie pastorale, de l’ouverture d’Egmont et surtout une interprétation de l’ouverture de Tannhauser qui fut traduite avec une souplesse, une chaleur et une passion extraordinaires.

Je me permettrai de rapporter la conversation exclamative et admirative que j’ai surprise, après Tannhaüser, entre mes deux voisins de théâtre : « Hein ! cette exécution ! » disait l’un ; et l’autre de répondre émerveillé « Tu parles ! » Et cette réponse laconique et peu académique est plus expressive en somme qu’un éloge très développé et conçu en style plus châtié !

J. Catonet.

Nouvelles Diverses

Nous lisons dans le Daily Mail :

La représentation de Parsifal a eu lieu, la veille de Noël, à l’Opéra métropolitain de New-York. C’est la première fois que cet opéra a été joué ailleurs qu’à Bayreuth. Le spectacle, auquel ont assisté sept mille personnes, a duré sept heures. Les critiques déclarent qu’il a eu un caractère moins impressionnant qu’à Bayreuth.

En réponse aux appels d’un public enthousiaste, M. Conried, directeur de l’Opéra, a prononcé un discours. Jamais on n’a vu aux États-Unis une assistance plus émue. Toutefois, on ne trouve pas que l’œuvre ait grand charme.

Le Sun, don’t les critiques musicales passent pour les meilleures, dit que Parsifal est l’enfant de la décrépitude artistique de Wagner : « La mise en scène est imposante, mais non pas la musique. »

Le 18 décembre dernier a été représenté à Elberfeld un opéra intitulé Zlatorog. La musique est due au compositeur Rauchenecker, né en 1844 à Munich, et qui, avant de s’établir comme chef d’orchestre à Elberfeld, aurait été violoniste au Grand-Théâtre de Lyon. Nous serions heureux si quelqu’un de nos lecteurs se rappelait cet ancien artiste de notre orchestre et nous confirmait son passage à Lyon.

La Semaine, journal d’Anvers, constate que Guillaume Tell a fait au Théâtre Royal, 147 fr. 65 de recettes.

Il ne nous est pas désagréable de constater que les Lyonnais ne sont pas les seuls à se désintéresser des chefs-d’œuvre du Répertoire.

Le compositeur Qui vient de donner une partition très réussie pour Mademoiselle Fifi, pièce tirée, comme on sait, de la nouvelle de Maupassant, et déjà représentée en russe au Théâtre international, par Mme Yavorskaïa. C’est le Théâtre de l’Hermitage qui a monté cet opéra. C’est une tentative d’opéra réaliste qui a été très bien accueillie du public. Le thème paraîtra sans

  1. C’est du directeur du Conservatoire de Paris, M. Théodore Dubois, qu’il s’agit ici. (N. D. L. R.).