REVUE MUSICALE DE LYON
Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef
LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
(Suite)
Devant le palais des Gibichungen, une plage descend vers le fleuve ; trois autels s’élèvent : l’un à Donner, l’autre à Freya, le troisième, le plus grand à Wotan. C’est la nuit ; Hagen, la lance au bras, son bouclier dressé contre lui est assis et dort, la tête appuyée sur l’une des colonnes du burg. Le thème triste de l’anneau passe aux violons. La lune se lève, elle éclaire vivement Hagen auprès duquel on distingue le gnome Alberich accroupi, les bras sur les genoux du dormeur. Le nain fait jurer à son fils de reconquérir l’Or, volé jadis par lui aux filles du Rhin, et que Siegfried détient maintenant, puis il disparaît tandis que grandit la clarté de l’aurore.
Descendant le fleuve, Siegfried arrive joyeux. Le Tarnhelm magique l’a transporté en un instant de la Roche du Sommeil au Palais de Gibich. Il fait à Gutrune accourue à sa voix le récit de sa victoire sur Brünnhilde livrée à Gunther.
Hagen sonnant de la trompe appelle aux armes les guerriers. Ceux-ci se précipitent en foule. Il leur annonce les noces de Gunther. On prépare tout pour recevoir les fiancés. Au son de la fanfare des Gibichungen, voici Gunther débarquant avec Brünnhilde pâle et les yeux baissés. À la vue de Siegfried, près duquel se tient Gutrune, la Walkyrie est prise de terreur et tandis que passe à l’orchestre l’interrogation du thème de la destinée (xiii),
[partition à transcrire]
elle tombe à demi évanouie dans les bras de celui qui l’a trahie et qui ne la reconnaît plus. Elle voit à son doigt l’anneau, gage de son amour. Elle comprend alors que ce n’est pas Gunther qui a traversé les flammes. La malédiction d’Alberich (iii) résonne, tandis qu’ardemment elle interroge le héros. Celui-ci ne peut rien répondre : l’anneau, dit-il, ne vient pas d’une femme, je l’ai conquis en tuant un dragon. Il avoue bien avoir traversé le feu pour chercher Brünnhilde et l’amener à Gunther, mais cette femme il ne l’aima jamais. Il ne la connaît pas, il en fait