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revue musicale de lyon

à M. Gauthier qui n’a que des qualités de violence, et qui, passable dans Don José, est impossible dans Werther. Le résultat le plus clair a été d’exposer un artiste qui, en définitive, a un certain talent, à la réprobation énergiquement manifestée du public. Mme Charles Mazarin a fait montre de sa coutumière intelligence, et de sa très honorable originalité, mais il ne semble pas que le rôle soit bien dans sa voix. Les rôles secondaires étaient les mieux tenus.

Il a semblé que l’orchestre jouait presque trop bien ; j’entends par là qu’il a poussé un peu loin la recherche du menu détail, et qu’il s’est un peu égaré à la poursuite du « fin du fin ». Notons enfin une mise en scène extraordinairement inintelligente.

Edmond Locard.

Au Grand-Théâtre les répétitions du Crépuscule des Dieux sont très activement poussées par M. Flon.

La distribution est la suivante : Siegfried : M. Verdier ; Brünnhilde, Mlles Janssen et Claessen ; Gutrune, Mlle la Palme ; Gunther, M. Rouard ; Hagen, M. Sylvain ; Alberich, M. Arthus.

La distribution en double du rôle de Brünnhilde n’a d’autre raison que la question financière : Mlle Janssen est engagée pour cinq représentations par mois et l’ordre est formel, de la part de l’administration, de ne pas donner de cachets supplémentaires.

Les autres parties de la Tétralogie passeront dans l’ordre suivant : la Walkyrie en février ; Siegfried, puis l’Or du Rhin. Dans la Walkyrie, M. Gauthier chantera le rôle de Siegmund ; Mlle Claessen, Brünnhilde ; M. Rouard, Wotan. Pour l’Or du Rhin, des pourparlers sont engagés avec M. Cazeneuve qui reprendrait le rôle de Loge, créé par lui l’an dernier sur notre scène.

L’Étranger, qui doit passer en février, sera interprété par M. Rouard (l’Étranger), Mlle Claessen (Vita) et M. Boulo (André).

MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu’il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.

les concerts

Concert Jaudoin-Bachmann

Pour présenter ses pianos aux Lyonnais, le directeur de la maison Henri Herz a eu l’heureuse idée de nous convier à un concert dans le programme comportait, à côté de morceaux destinés uniquement à faire ressortir les qualités de l’instrument, des œuvres du plus haut intérêt, comme la Sonate de Franck et les Variations symphonies de Schumann. Ces œuvres reçurent une bonne interprétation avec M. Jaudoin, un excellent pianiste au jeu très précis et très intelligent, et M. Alberto Bachmann, violoniste très réputé mais dont le style n’est pas à la hauteur des qualités de mécanisme. La Sonate de Franck, si belle et si profondément expressive, fut interprétée de façon simplement correcte surtout dans le premier morceaux que M. Bachmann a joué sans expression. Les Variations symphoniques ont par contre été jouées de façon parfaite par M. Jaudoin, ainsi que la Toccata et la Fugue d’orgue de Bach transcrite pour le piano. Nous n’avons rien à dire de la seconde partie du programme, très peu musicale et qui comprenait, entre autres œuvres, un Nocturne de Scriabine, pour main gauche seule, qui n’a pas grand chose à voir avec la musique.

S.

concert reuchsel

MM. Reuchsel ont donné, le même jour que MM. Bachmann et Jaudoin, leur premier concert de la saison, avec le concours de MM. Ticier et Bay. Comme d’habitude, la soirée a débuté par une intéressante causerie de M. Amédée Reuchsel sur Rameau et sur les œuvres portées au programme. Celui-ci réunissait les noms de Corelli, Hændel, Rameau, Beethoven, et ceux plus modernes de Guillaume Lekeu, Georges Hue et Maurice Reuchsel. La sonate de Handel pour viole de gambe et clavecin, avec ses deux allegro si pimpants et si légers, a été fort bien enlevée par MM. Ticier et Amédée Reuchsel ; l’interprétation de trois pièces de Rameau (Menuet, La Forqueray et Tambourin) a également été excellente. Nous ne parlerons pas de celle

d’un Menuet pour viole d’amour, de Mélandre.