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au contraire, c’est là une preuve d’intelligence artistique et de goût qu’on ne saurait trop encourager et applaudir. Ceci dit, nous sommes en droit de discuter cette conception nouvelle et de la comparer aux précédentes. Il nous a semblé que l’innovation apportée avait surtout consisté à rendre plus intérieure, plus contenue, et d’apparence plus froide la passion qui anime ce personnage, que don José n’a pas absolument tort de traiter de diabolique. Il en est résulté que les scènes de séduction ont été moins chaudes, moins vivantes qu’il n’aurait fallu : mais dès l’instant où Carmen cesse d’aimer don José, où elle entre en révolte contre le caractère brutal de son amant, le jeu de Mme Mazarin a pris toute sa valeur, et, dans les deux derniers tableaux, elle a été, à mon sens, excellemment dramatique.

Quant à M. Gauthier, il n’avait jamais été aussi bon au point de vue scénique. Les mièvreries et les tendresses ne sont point son fait : il ne donnera jamais l’illusion d’être un Werther ni un Roméo : mais ce rôle de soldat amoureux et brutal convenait à son allure énergique et un peu rude. Lui aussi a donné là une note personnelle, malheureusement gâtée par sa fâcheuse habitude d’attaquer un demi-ton trop bas, et de faire du trapèze autour de la note juste.

Le côté le plus remarquable de cette reprise, était les modifications apportées à la mise en scène, sur la toujours intelligente influence de M. Flon. On a été aussi heureux qu’étonné de voir les chœurs vivre et s’agiter au premier acte : les passant causent, les femmes aguichent les soldats, les gamins jouent à saute-mouton. Que nous voilà loin de ces stupides masses chorales bêtement entassées sur les côtés de la scène. Au deuxième acte, on avait aussi supprimé les tutus et les volants, auxquels suppléaient des costumes espagnols infiniment plus vraisemblables. Ce sont là des détails d’une importance beaucoup plus grande qu’on ne pourrait croire au premier abord. Ce qui en tout cas n’est pas discutable, c’est que les chœurs et l’orchestre, grâce toujours à M. Flon, ont été tout à fait intéressants.

Edmond Locard.

Symphonie Lyonnaise

Un accident de mise en page survenu au dernier moment nous empêche de publier le compte rendu de la Symphonie Lyonnaise annoncé au sommaire. Nous ne pouvons que constater le succès obtenu par le concert du 11 décembre consacré tout entier à Hector Berlioz : Harold en Italie, Symphonie fantastique, etc.

LES CONCERTS

Nous avons annoncé le concert qui sera donné vendredi 18 décembre, dans la salle de musique classique de Dufour et Cabannes, par MM. Alberto Bachmann et Gabriel Jaudoin (Sonate, de Franck ; Variations symphoniques’', de Schumann, etc.). Nous donnons ci-dessous le portrait de M. Bachmann.

M. Alberto Bachmann est né à Genève en 1875, d’une famille d’origine russe et fit ses débuts en 1882, à Ostende, à l’âge de 7 ans.

Après avoir été lauréat du Conservatoire de Lille (à 10 ans), il fut l’élève d’Ysaye. Il a été violon-solo au Concerthaus de Berlin et à la Société Philharmonique de Munich et s’est fixé à Paris.

M. Bachmann a composé un certain nombre d’oeuvres : Aria, Élégie, Suite Espagnole pour deux violons, Bourrée pour trois violons,

un Concerto, et écrit une méthode pour violon.