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et Sweelinck, l’inventeur de la Fugue d’orgue ; en Italie, Merulo et Frescobaldi, dont les sonates et les fugues sont étonnantes pour l’époque où elles furent écrites.

Citons seulement les prédécesseurs de Bach, Buxtehude, Pachelbel, Reinken, Scheidt, etc., et arrivons au grand Cantor de Leipzig.

Il est malheureux que la partie de son œuvre d’orgue la plus expressive soit la moins connue, nous voulons parler des Chorals pour orgue qui sont une des œuvres les plus parfaites sorties d’un cerveau humain.

Händel, que les contemporains aimaient à opposer à Bach, a écrit dix-huit concertos pour orgue et orchestre, qui nous ont été transmis plus ou moins fidèlement et sont bien inégaux comme valeur.

Après Bach, les compositeurs allemands pour orgue furent légion ; qu’il nous suffise de citer ses fils et ses élèves Kittel, Krebs, Vogler, Kirnberger, puis Rinck, parmi les plus modernes, Thiele, Merkel, Rheinberger, etc.

Mendelssohn, qu’il est de mode de détracter aujourd’hui, a écrit trois préludes et fugues et six sonates qui sont de purs chefs-d’œuvre de forme et d’inspiration. Le nom de Bach (B. A. C. H.), a inspiré à Schumann six belles fugues.

La dernière œuvre de Brahms est un recueil de onze chorals pour l’orgue, qui malgré une forme un peu sévère sont de toute beauté.

Enfin le dernier venu, Max-Reyer, a publié des œuvres très modernes. Alors que l’influence de Mendelssohn est encore flagrante chez Merkel, Rheinberger, etc. Max Reyer semble dans ses procédés harmoniques, dans son architecture musicale s’inspirer de Wagner.

Le Danois Gade a écrit trois pièces intéressantes. Un de ses jeunes compatriotes Otto Malling a eu des débuts qui promettent, bien qu’il abuse peut-être

des effets descriptifs dans sa suite intitulée « Christus », où il a voulu représenter les différents épisodes de la vie de Jésus.

Les Italiens après un long temps d’arrêt ont quelques compositeurs estimables : MM. Bossi, Bottazzo, Capocci, Ravanello.

En France au xviie siècle et au xviiie nous avons eu une école d’organistes qui ne séparaient pas assez le jeu du clavecin de celui de l’orgue. Néanmoins on peut trouver des choses intéressantes dans les œuvres de Gigault, Clérambault, A. Raison, Marchand, les Couperin, etc. M. Guilmant a consacré les Archives de l’orgue à la publication de ces œuvres.

Aujourd’hui, après une période d’inaction pendant la première moitié de ce siècle, nous avons une période d’activité qui fait bien augurer de l’avenir de l’École Française.

Parmi les disparus, citons en première ligne César Franck. Ses trois Chorals pour orgue sont comme le bréviaire de l’organiste. Danses pièces d’orgue, la Pastorale, Prélude, Fugue et Variation, la Prière sont presque populaires. Et cependant que d’anathèmes n’avait pas encouru le brave Père Franck en jouant sa Fantaisie en ut majeur à l’inauguration de l’orgue de Saint-Eustache en 1854. Le seul reproche que l’on puisse faire à Franck c’est de n’avoir pas pensé que l’extension des doigts des organistes a des limites.

Disparu encore et trop tôt, Léon Boellmann dont le nom a franchi le cercle des initiés grâce à des pièces de musique de chambre qui ont été exécutées un peu partout.

Saint-Saëns a écrit pour l’orgue diverses pièces de genre (Bénédiction nuptiale, Rapsodies sur des thèmes bretons, Fantaisie) et six Préludes et Fugues solidement construits bien que de forme un peu sévère.

MM. A Guilmant, professeur d’orgue

au Conservatoire et à la Scola de Paris,