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un peu précieuse mais si exquise de la Pavane pour une infante défunte de M. Maurice Ravel, la fraîcheur, la saveur un peu debussyste, mais si personnelle quand même de ses Jeux d’eau, merveilleusement interprétés par l’artiste si délicat que j’ai toujours apprécié en M. Ricardo Vinès ?

Voilà un heureux début et je suis bien certain que nos deux jeunes et ardents compatriotes ne voudront point faillir à d’aussi belles promesses. D’ailleurs succès oblige.

Edouard Millioz.

Nouvelles Diverses

Saint-Étienne. – Dimanche a eu lieu un grand concert donné par l’Association symphonique et des chœurs mixtes sous la direction de M. A. Mariotte.

Le programme comprenait l’exécution intégrale du Déluge de Saint-Saëns et de Rebecca de César Franck.

Le Mémorial de la Loire apprécie en ces termes César Franck et Rebecca dont l’interprétation a été excellente :

« Ceux qui l’ignorent (César Franck) – et ils sont si nombreux ! – le déclarent obscur, et il est lumineux comme le soleil, comme le génie, comme l’évidence. Qui pourra dire avec des mots, le charme du chœur qui sert de début et de final ; qui pourra faire comprendre le pittoresque et le coloré du chœur des Chameliers ? Et qui surtout pourra dire jusqu’à quel point César Franck a fait sienne l’âme du Temple ?

« Quels sons de lis ! quelle harmonie de rêve écrite par un séraphin avec la mémoire lointaine des chants qui bercent la gloire du Très-Haut !

« Et là dedans quelle mine pour les inféconds ! que de choses qu’on a revues ailleurs depuis et dont César Franck est le vrai père.

« Le musicien de Rebecca n’est pas obscur… il est inconnu de la foule – ce n’est pas la même chose. On peut donc prendre chez lui… et il est si riche qu’il lui reste encore de quoi éblouir… »

Nous ne pouvons que nous associer à cette

excellente appréciation de la musique du Père Franck et adresser à M. Mariotte nos félicitations pour son ardeur à propager dans le public de Lyon et de Saint-Étienne le goût des œuvres vraiment belles.

Chambéry. — Le 6 décembre a été donnée dans la salle de concert annexée au théâtre une soirée musicale des plus intéressantes. Mme Evrot, la cantatrice mondaine si appréciée à Chambéry, a fait, une fois de plus, valoir sa belle voix de soprano, chaude et puissante servie par une diction impeccable, dans l’air de Brunehilde de Sigurd, l’air des Cigales de Madame Chrysanthème de Messager et dans la scène de la mort de Thaïs où elle avait pour partenaire un autre jeune amateur plein d’avenir, M. Meige, doué d’une belle voix de baryton. Ce dernier fut très fêté après son interprétation de « Vision fugitive » d’Hérodiade.

Parmi les autres artistes qui ont pris part à ce concert, citons Mlle Dardel, excellente dans la 12e Rapsodie de Liszt et M. Pizzi, violoniste, dans les Poèmes hongrois de Hubay et une sonate de Charles René.

Les frères Isola, directeurs du théâtre-lyrique de la Gaieté, songent à monter, l’année prochaine, les quatre ouvrages suivants : Armide de Gluck ; Aphrodite, de Camille Erlanger ; Marie-Madeleine, de Massenet et la Vie du Poète, de Charpentier.

Louise a été jouée la semaine dernière à Dijon avec le plus grand succès. L’œuvre de Charpentier était interprétée par Mlle Gril, de l’Opéra-Comique, M. Cremel (Julien), et Simon (le père).

Offenbach a publié en 1855, dans l’Artiste quelques articles de critique musicale dont nous extrayons l’appréciation suivante sur l’Enfance du Christ de Berlioz :

« Hector Berlioz se console d’être repoussé de l’Académie, en obtenant un immense succès avec son Enfance du Christ… Nous ne pouvons nous étendre aujourd’hui… sur cette vaste composition, où la science de l’harmonie et de l’orchestre semble le disputer à la grâce et à l’originalité de la mélodie. C’est surtout dans la seconde partie que nous

avons remarqué ces qualités précieuses, si