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revue musicale de lyon

amis : « Pour un contrait de mille écus de rentes, j’aurais un grand bonheur à jeter mon piano par la fenêtre ! »

Personne n’a eu l’idée bizarre de lui proposer ce marché, heureusement pour les amateurs de la Muette de Portici

Voici, d’après un de nos confrères, la formule pour la fabrication des Cavalleria rusticana, des Bohémes et autres œuvres des Mascagni et des Léoncavallo :

1o Il faut d’abord trouver — c’est déjà un mérite — une action dramatique pleine de feu, d’action, de vie, de mouvement, de furia avec de la passion à jet continu ;

2o Débiter de la mélodie, celle qui a traîné un peu partout ; qu’importe si elle est vulgaire, banale, triviale, pourvu qu’elle soit remplie de crescendo, de pâmoisons, de points d’orgue, où la voix des chanteurs pourra s’épanouir et s’étaler à g…orge déployée…

3o Mettre à l’orchestre de voluptueux unissons, assaisonnés par des trombones et appuyés par la grosse caisse ; se servir à point des procédés d’instrumentation innovés par les prédécesseurs ; et, de temps à autre pour rafraîchir le cerveau, une valse ou une polka bien rythmées qui feront hocher la tête en cadence et mettront en mouvement les orgues de Barbarie.

Gustave Charpentier, lauréat du prix de Rom, en attendant de partir pour la Villa Médicis, se trouvait dans un état de dénuement extrême, qu’il supportait du reste avec la bonne humeur qui le caractérise. Possesseur d’une canne-flûte dont il jouait passablement, il avait imaginé, pour se procurer le pain quotidien, de jouer de sa canne dans les cours.

Un beau jour, un agent lui demande d’exhiber sa patente de colportage. Charpentier n’avait jamais songé, naturellement, à se mettre en règle avec la Préfecture. Une contravention imminait. Son super aplomb le sauva : « Les Prix de Rome n’en ont pas besoin », affirma-t-il. L’agent, pas très sûr de son fait, le laissa courir. Ce jour-là, il s’en fallut d’un cheveu que le futur auteur de Louise ne couchât au dépôt.

Un nouveau théâtre populaire vient de s’ouvrir à Munich. Il a été construit par l’architecte Vittrich, et a été inauguré la semaine

dernière. Il est de style grec ancien, avec des colonnes doriques, un peu à l’imitation du temple célèbre d’Égine, dont la ville possède quelques marbres archaïques du fronton. Le programme de la soirée comprenait un prologue de Gœthe, une ouverture de Lortzing et le drame de Schiller, Cabale et Amour. On dit que l’acoustique est bonne et que la vue n’est gênée d’aucune place. La scène a quinze mètres et demi de haut, la salle en a douze et peut contenir environ douze cents spectateurs.

bibliographie

L’Épave et Antoinette Sabrier, ayant obtenu un gros succès au Gymnase et au Vaudeville, l’Art du Théâtre en reproduit les principales scènes ainsi que les portraits des artistes. Il donne quelques photographies des scènes de la Guerre au Village, le dernier spectacle du Théâtre-Antoine, le 2e acte in-extenso.

Le numéro se termine par un article illustré sur l’Homme du jour, la spirituelle satire des mœurs politiques que MM. Morgand et Roland ont donné au Gymnase, et contient trois belles planches hors texte.

nouveautés musicales

Alfred Fock : Berceuse, pour violon et piano.

A. Seitz : Danse Szekler, pour violon et piano.

D. Lederer : Mazurka, pour violon et piano.

E. Frontin : Aubade, pour violon et piano.

A. Bachmann : Chaconne, pour violon et piano.

Henri Duparc : La Fuite, pour soprano et ténor.

René Vauzande : La Paix, chant et piano.

Rhené-Baton :La mort des Amants.

J.-B. Ganaye : Rythme de Songe, chant et piano.

Adrien Piazzi : Les Oies, chant et piano.

Demets, éditeur, 2, rue de Louvois, Paris.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon