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l’exception du Lyon Républicain qui fut très dur pour le directeur :

« Était-il donc si difficile de prévoir depuis l’ouverture de la saison théâtrale, écrivait le chroniqueur, qu’on ne pouvait songer à monter une œuvre de l’importance de Tannhæuser sans ténor, ni contralto ; qu’il fallait se résigner à donner tout l’éclat possible à une représentation si bruyamment annoncée, en réservant les costumes hors de service, les inepties d’une mise en scène antidiluvienne et les décorations âgées pour les répertoires de la même époque ».

La seconde représentation eut lieu huit jours après, le 16 avril, avec le ténor Gogni. Ce dernier n’avait ni le talent, ni l’autorité, ni l’expérience de son prédécesseur, mais sa voix était bonne et l’artiste ne manquait pas de goût et de méthode. Avec lui, fut donnée une série de dix représentation qui, détail curieux, alternaient avec les représentations des Mousquetaires au Couvent jouée par Huguet, Marie Girard, etc. Les onze représentations de Tannhäuser firent encaisser au théâtre 27.710 francs, soit une moyenne de 2.519 francs par représentation, ce qui peut être considéré comme un joli chiffre, les représentations ayant lieu en avril-mai, à une époque où les théâtres sont généralement presque désertés.

En 1892-93, Tannhäuser ne fut pas repris ; c’était l’année de Werther et surtout des grandes reprises du répertoire ; la troupe comprenait Mmes Fiérens, Escalaïs et Verheyden, MM. Escalaïs, Boudouresque, Vinche et Mondaud qui obtint le plus beau succès de sa carrière avec Hamlet qu’il chanta dix-sept fois.

L’année suivante (1893-94), au cours de laquelle furent montés la Walkyrie et Phryné ; Tannhäuser fut repris en fin de saison et donné trois fois avec un succès magnifique. La distribution était du reste excellente et jamais l’œuvre de Wagner ne fut mieux interprétée. Les principaux rôles étaient chantés par Mlle Janssen, la créatrice, le ténor Lafarge, à la diction

si intelligente et si expressive, et Mondaud alors engagé à l’Opéra-Comique, qui avait obtenu un mois de congé pour remplacer à Lyon le baryton Bérardi, décédé.

Les représentations de Tannhæuser données pendant la direction Vizentini furent médiocres et celles de Tournié détestables : on se rappelle en particulier les coupures invraisemblables faites par Mme Tournié dans la Prière d’Elisabeth. Le rôle de Tannhæuser était tenu avec autorité par Scaremberg et celui de Wolfram par Mondaud qui, fatigué, dut alors renoncer à chanter et fut remplacé une fois par le baryton Albers. Je n’ai pas besoin de dire les incidents qui marquèrent l’an dernier la reprise de Tannhæuser au début de la saison : le ténor Gibert conspué, la représentation interrompue par les sifflets, l’interprétation détestable des rôles d’Elisabeth et de Vénus par Mmes Picard et Sterda et surtout la… médiocrité de l’orchestre de M. Rey.

Tannhæuser, en somme, a toujours été abîmé au Grand-Théâtre, et la représentation de samedi, dont on vous parlera plus loin, sans être parfaite, peut être considérée comme une des meilleures données depuis douze ans.

Léon Vallas.

LA DERNIÈRE REPRISE

le Samedi 28 Novembre

L’évolution du goût du public est un phénomène que les recettes d’un théâtre enregistrent avec précision, la netteté d’un instrument de laboratoire. Le progrès de la musique moderne, en dehors même des professionnels du théâtre et de la critique, s’accuse avec une intensité dont je tiens à relever ici les symptômes.

On ne cesse de dire que seul le vieux répertoire attire la foule, et que rien n’égalera jamais, dans la faveur du populaire, Faust, Les Huguenots ou Lucie. On répète à satiété que les œuvres modernes ennuient ceux qui