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revue musicale de lyon

le grand prix de la composition musicale. Au nombre des concurrents se trouvait M. Pierre Lagrave, considéré par ses professeurs comme un de ces rares génies destinés à exercer sur leur art une influence puissante. Âgé de vingt ans, il avait obtenu l’année dernière un premier second prix au même concours. Plein d’espoir, il s’était rendu jeudi dernier à l’Institut pour assister à l’exécution de sa scène et au jugement préparatoire de la section de musique. Au moment où il fut appelé, comme les autres concurrents, il fut frappé d’une telle douleur en apprenant que le prix ne lui avait pas été décerné qu’il fut atteint sur-le-champ par une attaque de nerfs violente et qu’il perdit la vie après trois heures de souffrances.

« Le premier prix a été adjugé à M. Thomas, élève de MM. Lesueur et Reicha ».

C’est peut-être la seule attaque de nerfs que la musique du prix de Rome de 1832 ait jamais causée ; mais vous avouerez que si Ambroise Thomas croyait à la justice immanente il a dû songer quelquefois à l’infortuné Pierre Lagrave, et à ce cadavre qu’il avait dans… son piano,

Croyez, etc…

Fernand Baldensperger.
correspondance de paris

GRANDS CONCERTS

M. Colonne, retour d’Amérique, s’est empressé de sacrifier au dieu du jour, à Berlioz, qui est plus particulièrement aussi le sien. Personne ne peut d’ailleurs conduire mieux la Symphonie fantastique, et cette fois-ci, par cœur s’il vous plaît, comme dans la maison rivale ; par cœur, également, l’intermède symphonique de Rédemption de Franck. L’une et l’autre de ces œuvres, aux antipodes de la littérature musicale, comme forme et comme fond, ont été jouées divinement par l’orchestre du Châtelet.

On a entendu également avec un indicible plaisir la limpide et sereine musique

du fameux duo de Béatrice et Bénédict, de Berlioz ; il a été chanté, il est vrai, avec tant de grâce et de douceur apaisante par Mlle Jeanne Leclerc et Alice Deville !

Enfin le programme était complété par le concerto en pour violon de Beethoven exécuté par M. Arrigo Serato au jeu fin et net, au son pur, quoique un peu étriqué, et par une œuvre de M. Gaetani, Thème et variation dans le style fugué, austère composition classique où de curieuses bouffées de romantisme, parfums wagnériens, rêverie de Hans Sachs, lamentation de Tristan apparaissent non pour détrôner, mais plutôt pour dissiper l’ennui toujours imminent, semble-t-il.

Au prochain concert la Damnation de Faust en attendant l’Enfance du Christ, aux approches de Noël.

Edouard Millioz.

Dès notre prochain numéro, nous rendrons compte régulièrement des matinées de poésie et de musique organisées tous les samedis au théâtre Victor-Hugo. Ces séances, dont la direction artistique a été confiée à deux anciens — et très jeunes — Lyonnais, Louis Payen, pour les poèmes et Emile Vuillermoz, pour la musique, seront certainement des plus remarquables. MM. Fauré, Debussy, Ravel, Duparc, Séverac, Etienne Ledmirault accompagneront eux-mêmes leurs œuvres dans ces matinées qui jusqu’alors avaient été trop exclusivement réservées aux œuvres de Francis Thomé, Chaminade, Théodore Dubois et autres musiciens de second ordre et de… l’Institut.

Nouvelles Diverses

Nos confrères de l’Express et du Salut Public constatent avec satisfaction la chute lamentable de la Bohème de Leoncavallo dont la quatrième et — très probablement — dernière représentation a été donnée dimanche. Cette chute d’une mauvaise pièce, dit l’Express (L.) rapprochée du succès de la reprise de