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1re Année * No 7
Mardi 1er Décembre 1903

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 20 Octobre au 20 Avril

Léon VALLAS
Directeur - Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.

LE ROI ARTHUS

d’Ernest Chausson[1]

Le théâtre de la Monnaie, hospitalier aux œuvres nouvelles, se devait à lui-même de monter Le Roi Arthus, cette belle production d’un des meilleurs élèves de César Franck, et de permettre ainsi aux Bruxellois de connaître le drame lyrique d’Ernest Chausson, le musicien dont ils ont depuis longtemps déjà pu apprécier la symphonie, la musique de chambre les Lieder… Et maintenant que cette partition, que la mort du compositeur empêcha M. Mottl d’exécuter comme il s’apprêtait à le faire, paraît enfin au théâtre, on est heureux que l’honneur de cette manifestation artistique doive revenir à Bruxelles, qui accueillit déjà si grandement tant de compositeurs, et fut la première à leur donner une consécration que d’autres villes, plus ou moins rapidement, se plurent à confirmer.

L’œuvre d’Ernest Chausson ne nécessite point de longs commentaires ; conception

et réalisation en sont parfaitement limpides. Cela tient non seulement au sujet choisi qui est une simple histoire d’amour, de tristesse, de foi en l’idéal, mais aussi au tempérament propre du musicien, à sa nature créatrice peu complexe, et que l’on serait tenté de défini en la rapprochant de celle de Schubert plutôt que de celle de Wagner.

Ernest Chausson a écrit lui-même le texte de son œuvre, tirée, comme bien on le suppose, des Romans de la Table ronde. Il a suivi avec une fidélité remarquable, les données des anciens récits, et, grâce à quelques simplifications très ingénieuses apportées à la filière des événements ou aux caractères des personnages, il a établi un drame dont on ne peut qu’admirer la belle tenue et la parfaite ordonnance.

Avant de passer à l’examen du Roi Arthus, il importe de faire une observation préliminaire. Les récits relatifs au chevalier Lancelot et à la reine Genièvre offert plus d’une analogie avec la légende de Tristan et Iseult. Les deux légendes d’ailleurs ont pour commune origine des traditions bretonnes, anglaises ou françaises antérieures au xiie. Hersart de la Villemarqué (Les Romans de la Table ronde, éd. in-12, p. 57) constate que les analogies sont si fortes que l’on est au premier examen tenté de croire, à tort,

  1. Le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles a donné hier la première représentation de cet ouvrage dont nous publierons dans notre prochain numéro le compte-rendu. L’article de notre collaborateur M. Calvocoressi a paru dans le Guide Musical de Bruxelles (Numéro du 18 octobre 1903)