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ont été déçus, bien des rêves réalisés ; pour les uns, l’avenir semble s’ouvrir radieux ; pour les autres, il semble se briser irrémédiablement.

« La valeur qui s’attache aux décisions des notabilités artistiques, officielles et patentées, a le tort considérable de paraître, à tous ceux qu’intéressent ces décisions, comme la consécration sans appel des ignorances et des talents.

« Et, de même que ceux que ces notabilités déclarent admis à suivre l’enseignement quelconque, qu’elles daignent donner, croient posséder les dons les plus rares qui font les génies, ceux qu’elles frappent — souvent aveuglément — se croient brisés définitivement, trop souventes fois.

« De là, pour les premiers, les orgueils immodérés et qui vont croissant avec les récompenses décernées chaque année, comme aussi, pour les derniers, des désespérances qui tuent en eux tout désir de lutte.

« En tout cas, les uns et les autres ne peuvent que souffrir de jugements imparfaits, rendus à la légère, sous des influences diverses, complètement étrangères à l’art.

« Pourquoi, par exemple, des jurys composés de quatre professeurs, formant majorité, chez qui s’adressent régulièrement, quelques jours avant les examens d’admission, les élèves hommes ou dames désireux de prendre quelques leçons préalables et payantes ?

« Pourquoi rejeter des élèves, aussi doués que d’autres, pour d’enfantines questions d’âge et de nombre d’élèves, comme si la pépinière devait fournir un chiffre régulier de spécimens ?

« Pourquoi aussi tout cet appareil glacial qui paralyse les candidats ? et n’est-ce pas assez des salles malpropres et froides sans les accompagner d’une mise en scène de tribunal, sans leur présenter des visages agressifs et froids, plutôt que sympathiques et accueillants ?

« Les assemblées qui sortent de la médiocrité n’ont pas besoin de décors semblables.

« Et que l’on ne vienne pas dire qu’il n’y a dans ces lignes que parti pris et antipathie ; simplement nous disons ce que nous croyons nécessaire pour l’art et les antiques… et surtout pour les jeunes !

« Et puis, après tout, ceux qui n’ont pas été acceptés dans notre temple de la musique, se consoleront en se ressouvenant de la phrase fameuse prononcée il y a quelques années par le directeur du moment de notre

Conservatoire : « Quoiqu’on en dise, le Conservatoire de Lyon ne produit pas plus de déclassés que les Conservatoires des autres villes de France ! »

« Pas plus, soit, mais autant !

« Au lieu d’être sélectionnées, de garder seulement les élèves dont les aptitudes permettent d’assurer d’une façon presque précise un avenir artistique brillant ou tout au moins normal, les classes s’encombrent de la foule des incapables que des professeurs ne savent — ou ne veulent pas — rendre à des fonctions plus en harmonie avec leurs capacités.

« Plus tard, ils s’apercevront de leur erreur — coupable si elle est volontaire et dictée par un calcul…

« Mais alors le jeune homme aura été où l’auront poussé ses besoins, au hasard des planches, jaloux et envieux ; la jeune fille qui rêvait de triompher sur des scènes grandioses, finira au music-hall ou même… qui peut savoir ?

« Mais nos Conservatoires fidèles à leurs rôles, auront conservé… des notabilités artistiques, officielles et patentées ! »

Nouvelles Diverses

Nous avons publié dans l’avant dernier numéro la liste des œuvres nouvelles jouées au Grand-Théâtre de Lyon pendant ces dernières années. Voici le tableau de celles montées au Théâtre des Arts de Rouen qui montrera aux Lyonnais qu’ils sont des plus favorisés ;

1896 : La Mégère apprivoisée, de Le Rey.

1898 : Suzon de J. Mulder ; Gaëtana de E. Kann ; Baïka, ballet de Dardillac ; Siva, de L. Honnoré.

1899 : Thi-Then de F. Le Rey.

1900 : le Menuet de l’Infante, ballet de Gastinel ; Siegfried de Richard Wagner ; Moïna, de Isidore de Lara.

1901 : Messaline, de Isidore de Lara ; Conte de Mai, ballet de Gaston Paulin.

1902 : l’Idole aux Yeux Verts, ballet de F. Le Borne ; Fiamma, ballet de Bouriello-Gigliano.

1903 : La Fiancée de la Mer, de Jean Blockx.

M. Vincent d’Indy a désigné Mlle Claessens, pour créer le rôle de Vita dans l’Étranger que l’on doit monter au Grand-Théâtre dans le courant de février.