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sement des synodes généraux, et jamais cause ne fut mieux présentée, plus habilement défendue. A. GRESSE.

Le Problème de la Vie, par Jacques LEGRAND, in-12. Paris, Dentu. Ce volume a un sous-titre : Recherche des bases d’une philosophie pratique, et il se trouve ainsi divisé en deux parties distinctes, l’une morale, et l’autre métaphysique. Lorsqu’il étudie ce qu’il ap- pelle « la matière de la vie, l’auteur ne sort point des vérités admises, universellement reconnues ; ses principes sont sains, ses vues honnêtes, ses préceptes excellents, et s’il n’y a là rien de nou veau, il n’y a du moins rien qui soulève d’ob- jections.

Il n’en est pas de même du Problème de la Vie, que l’auteur circonscrit, enferme dans les limites mêmes de notre existence ; la morale doit trouver là toute sa sanction ; tout commence à la naissance, tout finit à la mort. M. Jacques Legrand cherche des arguments contre l’immortalité de l’âme ; il lui eût eté plus facile encore de se faire le champion de cette idée, et il aurait eu pour com- plice dans son argumentation, précisément cette conscience humaine, qui applaudit à l’autre partie de son livre, et se révolte contre celle-ci. A. GRESSE. Antiquité des Races humaines, par G. RODIER, 2 édit., 1 vol. in-8. Paris, Amyot. Parmi les questions qui, dans ce moment, ontle privilège de provoquer et de passionner l’atten- tion, il faut placer au premier rang la recherche des origines de l’humanité. On sait avec quelle ardeur sont poursuivies les études géologiques ; les couches de terrain révèlent l’âge de la terre à la science. Cependant ces découvertes ne satisfont pas une curiosité qui s’accrolt et devient plus exi- geante à mesure que la lumière entre dans ces té- nèbres primitives. C’est donc avec une véritable émotion qu’on a vu M. Boucher de Perthes, soule- vant encore un voile dans cette immense perspec- tive des âges, montrer, avec une énergique con- viction, l’homme entouré des signes visibles de son activité, de son mode d’existence, dans des terrains où son apparition bouleverse toutes les données de la chronologie classique. La discus- sion à ce sujet est ouverte et rien ne sera négligé, il n’en faut pas douter, pour que la vérité se dé- gage de l’enquête scrupuleuse à laquelle la science moderne est conviée.

L’apparition du livre de M. Rodier dans de pa- reilles circonstances a un caractère singulier d’opportunité. Ici encore il faudra une enquête ; car il y a mise en demeure pour la science d’avoir à discuter des propositions très hardies, il est vrai, mais présentées par un esprit lumineux et ferme. Avec des chiffres, des monuments, des calculs as- tronomiques, avec tous les documents, toutes les traditions qu’une main scrupuleuse et savante peut réunir, M. Rodier veut renouer le fil çà et là interrompu de l’histoire de la civilisation hu- maine ; tout ce que la logique dans les déductions, la rigueur dans les calculs peuvent donner de puissance à cette vaste reconstitution chronologi- que, il le met au service de l’œuvre importante à laquelle il s’est dévoué. C’est ainsi qu’il arrive à re- culer jusqu’à 20, 000 ans environ avant l’ère chré- tienne l’existence historique des societés hu- maines. Nous n’avons pas ici à nous prononcer sur la valeur de ses solutions. La critique d’une thèse aussi considérable, soutenue avec une in- contestable loyauté, exige un examen très sérieux et doit être l’objet d’un travail approfondi. A. GRESSE.

L’Intrigue du Collier, par SEUBERT. 1 vol. in-12. Paris, Jules Tardieu. 1864. Par son retentissement, par son action sur les esprits à la veille de la Révolution de 1789, l’affaire du collier a acquis une importance particulière. Les contemporains, que dominait la passion, se sont, on le comprend, laissé facilement égarer par les apparences. Mais depuis, le temps nous a ap- porté ses révélations, les colères se sont apaisées, et le moment était venu d’instruire de nouveau le procès afin qu’il en pùt sortir un jugement impar- tial et définitif. Telle est la tâche que s’est imposée M. Seubert, et qu’il a très heureusement remplie. Il a démělé les fils embrouillés de cette ténébreuse intrigue que la comtesse de La Motte tenait tous dans sa main. Après s’être insinuée près du cardi- nal de Rohan dont elle exploitait la bienfaisance, et avoir surpris son secret désir de se réconcilier avec la reine prévenue contre lui, cette femme astucieuse et cupide, pour s’approprier un joyau de grande valeur, conçut l’abominable machina- tion qui compromit l’un des premiers dignitaires de l’Eglise et fit planer d’injustes soupçons jusque sur Marie-Antoinette. Sous la plume de M. Seubert, on voit revivre les acteurs de ce drame qui a pour dénoùment la fin tragique de Mme de La Motte, l’artisan de cette odieuse trame. E. J.

Aventures d’un artiste dans le Liban, par Richard CORTAMBERT. In-18. Paris, E. Maillet. 1864. Les récits de voyages forment de notre temps toute une littérature très variée et très féconde. Nous éprouvons une curiosité chaque jour plus impatiente de connaitre, dans toutes les parties. la terre que nous habitons ; et, si petite qu’elle soit, nous sommes loin de l’avoir explorée tout entière. La sci nce géographique, comme les autres scien- ces, a eu ses martyrs ; l’Afrique surtout a dévoré de nombreuses victimes, dont le sort n’a pas dé- couragé de nouveaux investigateurs. Le voyage de M. Richard Cortambert offre un caractère moins