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LA
SŒUR DE L’AMOUR

Lorsque le monde enfant s’éveillait dans l’ivresse,
Nonchalamment bercé par les brises de l’air,
Que l’hymne solennel d’une libre allégresse
Soupirait dans les bois et flottait sur la mer,

L’Amour naquit, l’Amour qui s’élançait des ondes,
Ivre de sa jeunesse et fier de sa beauté,
Jetant sur les vallons et les plaines fécondes
Le regard calme et doux d’une divinité.

Il allait, voltigeant dans sa grâce enfantine.
Ainsi qu’un frère aîné des lis et des oiseaux ;
Il écoutait la voix de la source argentine
Et se laissait charmer par la chanson des eaux :

Et, tandis qu’à ses pieds la nature ravie
Palpitait et lançait les germes bondissants.
Et de ses larges flancs faisait jaillir la vie
En corps épanouis, en arbres frémissants,

Il disait : a Je suis seul, je suis dieu, je suis maître !…
Partout des jeux, partout des danses et des chœurs :
L’homme par le bonheur apprend à me connaître ;
Tout chante ma venue, et les nids et les cœurs ! »