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INTRODUCTION.



Il y a dans la presse deux domaines bien distincts, quoiqu’ils se relient par des communications mystérieuses : les idées et les faits. Les idées, c’est la religion, la philosophie, l’histoire du passé, la littérature proprement dite, la science et l’art ; les faits appartiennent à la politique. On peut s’emparer à la fois de ces deux domaines, on peut choisir entre les deux ; cette Revue a fait son choix : elle restera dans le domaine des idées et s’interdira le domaine des faits. Ils sont ce qu’ils sont, ils seront ce qu’ils seront ; ce ne sera point son affaire. Elle se trace à elle-même sa frontière, elle entend ne pas sortir de la sphère des idées. Cette sphère contient des terrains immenses, des mines fécondes, des sites variés, des perspectives infinies. Ce n’est certes pas une prison, tout au contraire, c’est un monde, le monde des intelligences, qui est surtout cher aux regards de Dieu. C’est par le côté des idées, en effet, que l’auteur de toutes choses a fait l’homme à son image, l’homme, le plus faible roseau de la nature, mais un roseau qui pense, comme l’a dit, dans son style inimitable, Pascal, cet illustre penseur. Ce n’est donc pas un acte de résignation que de choisir le monde des idées, c’est plutôt un acte d’ambition. Dans ce noble milieu, les intelligences, s’élançant au-dessus de l’atmosphère lourde et grossière qu’on