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préparaient cette expérience des hommes et des cours dont ils devaient faire profiter leur pays.

Les lecteurs de la Revue Contemporaine vous sauront gré de leur avoir signalé les impressions juvéniles de M. le duc de Caraman. Ils le verront, au penchant du Caucase, fortifier par les fatigues, et aguerrir contre les privations cette santé ferme et courageuse qui, cinquante ans plus tard, aux applaudissements de notre armée d’Afrique, devait le maintenir, modèle encore de sérénité d’âme et de hardiesse, au milieu des neiges de l’Atlas et des souffrances de la retraite de Constantine.

Bornons-nous à le suivre, en ce moment, dans ses premières tentatives ; lorsqu’à peine échappé de l’adolescence, il courait déjà, comme il le dit si bien lui-même, à la recherche d’un peu de bonne renommée… La bonne renommée ! fruit délicieux, dont on ne saurait trop tôt semer le germe, et qui, mûrissant pour nous à l’automne de la vie, jette un si doux parfum dans l’hiver de nos derniers jours !

le comte de MARCELLUS.
À Monsieur le comte de Marcellus.

J’attache, mon cher ami, un bien vif intérêt au succès de l’entreprise littéraire dont vous m’avez parlé, et j’aurais voulu me reconnaître assez de talent pour m’y associer activement moi-même.

À mon défaut, voici un fragment des Mémoires inédits de mon père, dont le dépôt m’est confié. Il s’agit de son séjour en Russie et de ses voyages en 1783.

Plus tard, j’aimerai à vous communiquer aussi ses récits sur les cours, de Suède, d’Autriche, et sur ses relations avec le grand Frédéric, vers la même époque ; enfin les détails piquants d’une vie mêlée avec quelque succès aux quatre vingts dernières années de l’histoire européenne.

comte G. DE CARAMAN,
ancien ministre plénipotentiaire.

SÉJOUR EN RUSSIE.

Je partis de Vienne en 1782. Je me dirigeai par Cracovie sur Varsovie ou j’arrivai recommandé aux premières familles de la Pologne, et spécialement au prince qui en fut le dernier roi. Grâce à tant de protections, je devins bientôt l’hôte favorisé et fêté des Czartoryski, des Radziwill, des Sangusko, des Tyskiewicz, des Rzewuski ; mon séjour à Varsovie ne fut qu’une suite non interrompue de plaisirs ; et l’on