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sens absolu, et sans autre adjonction, Dieu est l’être simple, l’être en réalité et non par accident, l’être par nécessité et non par contingence, l’être ayant en lui-même le principe, la cause, la raison, la nécessité de son être : l’être substantiel, l’être par essence, l’être qui n’est ni déterminé à aucun genre, ni particularisé à aucune espèce, ni circonscrit à aucune individualité concrète, ni borné par aucune limite, l’être essentiellement subsistant, l’être absolu, l’être universel, l’être infini, l’être parfait.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » rien n’a été en Dieu, rien n’y sera, mais tout y est. Il ne faut pas demander : « Quand il a été ? » Il ne faut pas répondre : « Il a été toujours, il ne cessera jamais. » Ces mots « toujours » et « jamais » disent certainement beaucoup, mais ils ne disent pas autant que le mot : « Il est. » Toujours et jamais indiquent le passé et l’avenir. Toujours et jamais sentent la succession et le temps ; et il n’y a pas de temps, de succession, d’avenir et de passé dans « celui qui est. » — Il est ; et voilà tout. Ce mot seul signifie un présent sans commencement et sans fin, un présent complet, infini et indivisible, tel qu’il con- vient à Dieu. Ce mot seul exprime d’une manière claire et précise la permanence immobile, absolue, infinie de Dieu, l’éternité de Dieu.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » il n’y a rien d’étendu en Dieu comme il n’y a rien de successif ; il n’y a ni « en delà » ni « en deçà, » comme il n’y a ni passé ni avenir. Il ne faut pas demander : « Où il est ? » comme il ne faut pas demander « Quand il a été ? » Il est par rapport à l’espace dans tous les points de l’espace, sans l’espace, comme il est par rapport au temps, dans toutes les périodes du temps, sans le temps. Il n’est dans aucun lieu particulier, comme il n’appartient à aucune durée particulière. Il est de tous les espaces et de tous les lieux ; et hors de tout lieu et de tout espace ; comme il est de tout temps et de toute durée, et hors de toute durée et de tout temps. Il est partout, comme il est toujours. — Il est immense comme il est éternel.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » il est l’être par soi et non l’être par d’autres. Et comme la manière d’être est conforme à la nature de l’être, Dieu étant être par soi, il est aussi par soi dans sa manière d’être. N’ayant reçu l’être de personne, il n’a rien reçu de personne touchant son état et sa manière d’être. Il trouve en lui-même ce qui lui est nécessaire pour être ce qu’il doit être, pour être tout lui-même. Il est dégagé de toute loi, de toute condition, de toute servitude, de toute nécessité dans sa manière d’être, comme dans son être, c’est-à-dire qu’il est aussi indépendant qu’il est éternel et immense.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis, » Dieu est le plus être de tous les êtres, l’Être par excellence, l’Être au suprême degré, à la plus haute puissance de l’être, épuisant en lui seul tout être ; l’Être réunissant en lui toute la force, toute la vertu, toute l’énergie, toutes les qualités, tous les modes, toutes les condi-