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LA CRÉATION.

Avant de voir dans quels termes s’est exprimée l’Ecriture Sainte par rapport à l’œuvre de Dieu, dans l’ordre naturel, la Création, il faut voir dans quels termes elle s’est exprimée par rapport à Dieu lui-même ; car on ne peut se faire une juste idée de la Création, que lorsqu’on s’est déjà fait une juste idée de Dieu. Et c’est parce qu’ils ne connaissaient pas Dieu de la manière parfaite, dont nous le connaissons, que les anciens philosophes n’ont jamais rien compris à la vraie origine du monde.

Dieu n’est parfaitement connu que de lui-même : c’est à lui donc à nous dire ce qu’il est. Il l’a fait, comme il lui convenait de le faire, dans une seule parole, et dans cette parole unique il nous a plus dit, plus révélé, plus appris de son incompréhensible nature que tous les livres qui parlent de Dieu et qui sont sortis de la plume de l’homme. Il l’a fait lorsqu’il a dit à Moïse, au premier historien de ses merveilles, au premier secrétaire intime de ses mystères…

Mais qu’a-t-il dit à Moïse ? Raison humaine, abaisse-toi, replie tes ailes devant la majesté de la parole de Dieu, et pénétrée d’un religieux respect, dans le silence de l’étonnement, dans l’humilité de l’adoration et de la prière, écoute ton Dieu, parlant de lui-même, se définissant lui-même, renfermant dans un mot tout lui-même ; » il a dit : « JE SUIS, QUI SUIS ; EGO SUM, QUI SUM, » et ensuite il a répété encore : « CELUI QUI EST m’envoie auprès de vous ; » « QUI EST, misit me ad vos. » (Exod.) Oh ! parole ! grande, ineffable parole ! immense dans sa petitesse, sublime dans son aisance, profonde, mystérieuse, magnifique dans sa simplicité.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » Dieu n’est que l’être ; l’être, et rien de plus, rien de moins, est son véritable nom, son nom essentiel, incommunicable, glorieux. Être, ce ne sont que quatre lettres, deux syllabes ; mais ces syllabes et ces lettres résument à elles seules toute l’histoire, toute la vie de la nature incréée. Être n’est qu’un mot, mais ce mot renferme tout le mystère de l’Être infini.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » Dieu seul est son propre être, dans lequel l’être et l’essence, la possibilité et l’actualité, distingués en tout ce qui n’est pas Dieu, sont la même chose, et se confondant dans une seule et même conception, sont l’unique substance de Dieu dans laquelle l’être est la vie, la vie est l’opération, l’opération est la puissance, la puissance est la nature, la nature est l’être, l’être est Dieu, comme Dieu est l’être ; Ego sum, qui sum.

D’après cette étonnante parole : « Je suis, qui suis ; » c’est-à-dire que : « Dieu est » au temps présent, à la signification indéfinie, au