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BEAUX-ARTS.

LA VENUS DE MILO.

Monsieur,

Au milieu des éloges, trop indulgents sans doute, que la presse française a donnés à mes dernières publications sur l’Orient, j’ai été frappé d’une inexactitude historique toute à mon profit, dont j’ai déjà depuis longtemps refusé le bénéfice, et que je ne saurais accepter encore cette fois.

Quelques-uns de mes juges littéraires, par un sentiment de bienveillance exagérée, paraissent m’attribuer le mérite d’avoir découvert la statue de Vénus à Milo, et de l’avoir offerte au Musée.

Je ne puis consentir, Monsieur, à aller ainsi tout ensemble sur les. brisées d’un pauvre insulaire de l’Archipel et d’un roi de France. Ce n’est pas moi (et il me semble que je le dis au public pour la troisième fois), ce n’est pas moi qui ai découvert à Milo la Vénus vraiment victorieuse ; c’est le hasard et la bêche du laboureur Yorgos.

Ce n’est pas moi qui l’ai offerte au Musée, c’est M. le marquis de Rivière, devenu son possesseur, qui l’offrit à Louis XVIII, lequel, à sen tour, en fit don à son pays.

Voici ce qui me regarde dans l’affaire. Un vent favorable et ma destinée me poussèrent dans le port de Milo, avant que le moine grec, mon compétiteur, en fût sorti, emportant la Vénus qu’il avait déjà embarquée et avant que les vaisseaux des nations étrangères, instruites de la découverte, y fussent entrés pour la ravir. Ma bonne étoile fit le reste.