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CRITIQUE.
SYMPTÔMES LITTÉRAIRES DE NOTRE ÉPOQUE.

I.

LES MÉMOIRES.


Il est de mode, aujourd’hui, de déprécier M. Alexandre Dumas. Ses nombreux drames, ses récits innombrables, cette foule de pages jetées à l’aventure avec une profusion de millionnaire en train de se ruiner, cette verve qui nous a lassés avant de s’épuiser elle-même, ces qualités si réelles et si vraies, vivacité, mouvement, naturel, rien n’a pu obtenir grâce pour quelques ridicules et quelques travers qui ne sont, après tout, que les travers et les ridicules de la plupart de nos écrivains célèbres, résumés et exagérés dans une physionomie plus accentuée. M. Dumas a été l’enfant terrible de la littérature moderne. Ce robuste contentement de soi que d’autres cachent sous des airs de sérénité olympienne ou de méditation sibylline, il le montre à toute heure, à tous venants, sans déguisement et sans voile ; il se complaît surtout dans ce côté extérieur, presque matériel, de la vanité qui s’amuse d’un costume, d’une broderie, d’un ruban : il y apporte

  1. En cours de publication dans la Presse.