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COMPTES RENDUS

Elie Halévy : Histoire du peuple anglais au XIXe siècle, vol. II et III. — Paris, Hachette, 1923 ; xii-291, 337 p. in-8o, 25 fr. chacun.

M. Halévy nous donne la suite de son ample ouvrage. Dix années intenses n’ont pas effacé l’impression de solidité décisive qu’avait produite sur tous ses lecteurs, à la veille de la guerre, le premier volume. Les deux nouveaux tomes prendront place à côté de lui, parmi les-fondements les plus sûrs de l’histoire de l’Angleterre moderne. Un coup d’œil suffit pour reconnaître ici la même érudition précise, la même curiosité totale, avide d’embrasser l’existence d’un peuple. Le développement de l’œuvre permet d’en mieux apprécier l’héroïsme, comme la hardiesse. Par le nombre, la variété des documents consultés, le labeur que réclame leur synthèse, la tâche est digne d’occuper la force d’un homme, et de prendre, pour s’achever, un large morceau de sa vie.

Le premier volume décrivait l’état de l’Angleterre en 1815. Les deux suivants abordent le récit des événements. L’un va « du lendemain de Waterloo à la veille du Reform Bill » (1815-1830) ; l’autre, « de la crise du Reform Bill à l’avènement de Sir Robert Peel » (1830-41). Le plan du reste se dessine : un quatrième volume étudiera le triomphe de « la politique libre-échangiste » (1841-65) ; puis, revenant au point de vue de l’immobilité, pour ce plein épanouissement où l’âge Victorien semble se reposer en son équilibre, M. Halévy examinera «l’Angleterre en 1860, les institutions, les idées et les mœurs ». Deux volumes encore, l’un consacré à la suprématie alternée de « Gladstone et Disraeli » (1869-80) ; l’autre au « déclin du Parti Libéral » (1880- 95), atteindront la fin du siècle, et l’ouverture de la transition dont la guerre a précipité le cours, sans en laisser prévoir l’issue.

L’intérêt des six cents pages, extrêmement denses, d’une présentation matérielle fort soignée, qui s’offrent à nous d’un seul coup, est très vif, et pas seulement pour le spécialiste. L’auteur nous avoue,