ramener d’un seul coup la religion du pays à sa simplicité
la mort de Motoori. Mais il avait reçu l’étincelle, et cet ouvrier de la dernière heure allait être bientôt le plus fameux entre tous les élèves du maître. Deux ans après, en effet, il publiait son premier travail, une critique violente de l’école chinoise, et dès l’année suivante, il commençait à former des étudiants à son tour ; ce qui d’ailleurs ne l’empêchait pas d’exercer encore, par surcroît, la profession médicale. Depuis lors, chaque année, il publia un livre nouveau. En 1811, il se retira à Shidzouôka pour rédiger ses cours des années précédentes, et en tira toute une série d’ouvrages importants, à commencer par les premiers volumes du Koshi-denn, qu’il ne devait jamais achever, mais qui n’en reste pas moins, après le Kodjiki-denn de Motoori, le plus beau monument de l’érudition japonaise. En 1822, le supérieur d’Ouéno, qui était un prince du sang, lui ayant demandé des exemplaires de ses ouvrages sur le shinntoïsme, Hirata fut ainsi amené à visiter Kiôto, où ses livres se répandirent à la cour et furent remarqués de l’empereur lui-même. Mais ce qui plaisait au souverain légitime ne pouvait qu’irriter le gouvernement shogounal. Un ouvrage que notre auteur publia à Edo en 1836 fut interdit, sous prétexte qu’il contenait des renseignements dangereux pour la défense nationale. En 1840, un écrit sur l’ancienne chronologie ameuta contre lui les faiseurs d’almanachs officiels ; ils obtinrent sans trop de peine du gouvernement un décret qui bannissait Hirata et lui enjoignait de ne plus rien publier à l’avenir. Dix jours après, le vieux savant quittait la capitale et allait se retirer dans son pays d’Akita ; il y mourut deux ans plus tard, épuisé par son activité charitable envers les nombreux malades qui étaient venus le consulter. Pendant sa longue carrière, il avait eu plus de cinq cents élèves personnels, et il laissait plus de cent ouvrages, représentant plusieurs centaines de volumes, sans parler des manuscrits qu’il n’avait pas voulu publier. Parmi ses nombreux travaux sur le shinntoïsme, on peut citer surtout : d’abord le Koshi-Seiboun, ou Texte complet des anciennes annales, essai de reconstitution harmonique, et par suite artificielle, des mythes primitifs ; puis, les deux grands ouvrages qui dépendent de ce livre cardinal, à savoir, d’une part, le Koshi-tchô (4 volumes, 1819), contenant la liste des documents employés pour établir sa narration, d’autre part et surtout, le Koshi-Denn (28 volumes, à partir de 1812), en apparence simple commentaire du Koshi-Seiboun, en réalité trésor de renseignements sur la vieille religion indigène ; enfin, comme ouvrages secondaires, mais très précieux aussi : le Kidjinn-Shinnronn, Nouveau traité sur les dieux (1805), où il soutient l’existence de dieux vivants et condamne les principes abstraits de la métaphysique chinoise ; le Kôdo Taï-i, ou Sommaire de l’ancienne Voie (1811), exposé général du Shinntô ; le Tama-Mi-hashira (1813), compilation trop savante sur les anciens mythes, notamment en ce qui touche la cosmogonie ; le Tamadasouki (10 vol., 1811, récrit entièrement en 1824), sorte de bréviaire donnant toutes les prières composées par lui en vue de ressusciter un culte privé purement shinntoïste ; et maints autres ouvrages, plus spéciaux, sur les dieux, les rituels, les temples shinntoïstes, et la suite. Tels furent les maîtres de l’érudition japonaise, premiers