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82 ANTHOLOGIE DE LA LITTERATURE JAPONAISE II. - LA POÉSIE

Dégagée des premiers essais qui ont marqué sa période archaïque, la poésie s’élève tout de suite au plus haut degré* de l’art. Cette poésie* japonaise diffère protdndémèiït dé là flétri. Pus de longs développements, épiques, dramatique» ou autres, thàiê de brèves effusions lyriques. Le poète japonais* épKMvè dhé impression : tout comme l’artiste dé éon pays, il la note bien vite en quelques touches vigoureuses ou délicates ; puis il S’arrête, n’éprouvant pas le besoin de mettre en vers ce qu’il ne penserait plus qu’en prose. Un poème didactique serait pour lui le comble de l’absurdité ; le seul genre qu’il conçoive, c’est l’expression rapide de quelque intimé émotion 1 , ûèe de Son cœur bu éveillée par lés enchantements de la nàttiré. (QEtèz les prosateurs, en présence d’un beau paysage du à l’apparition d’un sentiment passionné, l’auteur se hausse brusquement à la composition poétique, mais pour retomber à la prose dés que son enthousiasme s’abat. Le poète japonais n’écrit jamais sans savoir pourquoi ; il n’ignore pas quelles sont les limites normales de l’inspiration 1 : if s’y tient On s’explique ainsi la brièveté des poésies japonaises. Le type habituel est la « brève poésie » {mijika-outa ou tannka), qui consiste en cinq vers de 5, 7, 5, 7 et 7 syllabes, soit 31 Syllabes en tout. Les « longs poèmes » (naga-outa ou tchôka), pareillement écrits en vers il ternes de 5 et 7 syllabes, avec un verë additionnel dé 1 sjrllabës pour finir, né dépassent guère une ou deux pages. Pourtant, nous les voyons bientôt âbam donnés en faveur des « courtes poésies * ; en attendant qtic / plus tard, on aboutisse à de petites pièces composées de ïl syllabes en trois vers 1 . Mais, dans cette concision voulue de la tannka, que de jolies choses ! A défaut de la rime oii de la quantité, la langue nationale apporte à la versification Ses harmonies coutumières, d’autant plus pures qu’ici tout mot ëhinoib est exclu. Cette langue, le poète la manie avec amour, inultibizarre qui lui permit de rattacher constamment la topographie a la mythologie ou aux contes locaux. Dans cette philologie enfantine, tout comme dans la poésie, c’est au jeu de mots ingénieux que Uofc Vieux Japonais visent toujours.

1. Voir plus bas, p. 381.

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