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80 ANTHOLOGIE DR LA LITTERATURE JAPONAIS ! de terre.» Il dit ; et, comme il regardait vers le cap de Shiraghi, (blanc comme une) couverture d’étoffe de mûrier 1 , cherchant s’il n’y aurait pas de ce côté un superflu de pays, il se dit : « Il y a un superflu de pays » ; et enlevant, avec une bêche, comme l’espace entre les seins d’une jeune fille* ; et séparant avec des coups, comme on frappe les ouïes d’un grand poisson’ ; et divisant en coupant, han ! hampe de souçouki 4 ; et attachant une grosse corde trois fois tressée, il tira en balançant, comme par des tsouzoura noircies par la gelée 5 , et ainsi doucement, comme un bateau de rivière*, en disant : « Viens, Pays ! Viens, Pays ! » Le pays ainsi cousu se trouve entre l’extrême fin de Kozou et le promontoire de Kizouki, huit fois construit 7 . Le poteau arrangé de cette manière* est 1. « Couverture (de lit) de mûrier », c’est-à-dire faite arec les fibres de l’écorce intérieure du mûrier à papier, est le mot-oreiller de l’adjectif thira « blanc ». Or, shira est dans Shiraghi (nom japonisé d’un royaume coréen, t. p. 76). On attribue donc le mot-oreiller au cap de Shiraghi, bien que ce promontoire ne soit pas plus blanc qu’un autre. C’est comme si nous disions, à propos de tel cap méditerranéen : « Le cap Blanc-linge. »

2. Encore un pur jeu de mots. Souki veut dire « bêche » et « intervalle ». D’où le texte : mounarsoukUtoroa, « enlever ; béche-inter val le ; seins ».

3. Ici, l’épithète a un sens ; car, pour tuer un cran H poisson, on le frappe aux ouïes. — Corn p., dans la mythologie néo-zélandais^, les frères du héros solaire Maoui, tailladant arec leurs coutcauz un gros poisson qui sera une île du pays, pour y établir les monts et les ▼allées.

4. Le souçouki (Miscanthus sinensis) est une graminée dont les fleurs en panache peuvent être comparées à un drapeau. D’où le mot-oreiller hatasouçouki (souçouki-rirapeau), qui s’applique à toutes sortes de choses « florissantes », mais aussi a des mots dont quelque élément éveille par hasard la même idée. Ici, le verbe hofouritoakou, « diviser en coupant », commence par ho, qui, comme substantif, vent dire « épi », et par suite amène l’image de la lijre fleurie. J’ai essayé de rendre à peu près ce jeu de mots, qui d’ailleurs est purement phonétique.

5. La Uouxoura du japonais archaïque, appelée ensuite kouzoukasoura, est la puéraire de Thunberg, qui « noircit », c’est-à-dire mûrit, au moment des premières gelées, et dont les vrilles, a la fois eouples et résistantes, peuvent être prises alors comme symbole de l’effort indiqué ici.

6. Autre métaphore significative. Nous la retrouverons plus d’une fois.

7. Epithète de Kizouki (ou Kitsouki), parce que tsoukou a le sens de construire. C’est un des verbes employés dans le Kojiki pour désigner la « fabrication » du pays. (Ci-dessus, p. 38, 39, etc.) 8. Sans doute un poteau pour amarrer les barques. , y