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76 ANTHOLOGIE DE LA LITTERATURE JAPONAISE

outchi, dit : « mon Céleste souverain, (je suis rempli de) crainte ! Continue à jouer de ta grande harpe auguste. » Alors, lentement, il tira à lui son auguste harpe, et en joua d’une manière languissante. Mais presque aussitôt, le son de l’auguste harpe devint si faible qu’on ne pouvait plus l’entendre. Ils allumèrent une lumière et regardèrent : il était mort.

L’impératrice et le vieux conseiller, pleins d’horreur, recherchent tous les crimes rituels qui ont pu souiller le pays et procèdent à une purification générale l ; puis, nouvelle consultation des divinités qui ont foudroyé le souverain, et qui sont, outre la déesse du Soleil, trois des dieux qui naquirent lors du bain d’izanaghi. Ces quatre divinités, après avoir révélé que l’impératrice est enceinte d’un fils, indiquent les pratiques religieuses qui permettront de traverser la mer. La flotte impériale vogue vers Shiraghi, un des royaumes coréens, qui est subjugué comme par miracle (en Tan 200 de notre ère» d’après la chronologie officielle). Au retour, la conquérante met au monde le fils promis par les dieux ; et peu après, nous la voyons se délasser de ses fatigues en pochant à la ligne dans une rivière de Kyoushou. Mais bientôt, elle repart en guerre, cette fois contre les chefs du Yamato*, qui sera désormais le siège permanent de l’empire 8 . Ses nouvelles victoires sont suivies de joyeuses chansons à boire en l’honneur du prince héritier, qui, lorsqu’elle meurt elle-même, à l’âge de cent ans, devient l’empereur Ohjinn.

Le régne de ce dernier est marqué surtout par l’importation de livres chinois et de divers arts utiles. Le merveilleux, d’ailleurs, n’en subsiste pas moins ; et c’est ainsi que le second livre se termine par une curieuse histoire d’envoûtement, où l’on voit notamment le costume, l’arc et les flèches d’un jeune dieu se changer en glycines fleuries. 1. Les crimes qu’énumère ici le Kojiki sont ceux que nous avons déjà rencontrés dans le Rituel de la Grande Purification (ci-dessus, p. 28) et dans le Kojiki lui-même (p. 45). 2. Au cours de cette campagne, elle emploie un stratagème qui rappelle à la fois le cheval de Troie et le cercueil d’Hastings : des flancs d’un « vaisseau de deuil » qui était censé porter le cadavre de son fils, elle fait surgir soudain toute une armée. 3. Et par suite le point central où les trois cycles légendaires d’fsoumo, de Tsoukoushi et du Yamato lui-même viendront se fondre et s’unifier en une seule épopée mythique, destinée à glorifier le souverain et les grandes familles qui l’entouraient. , y