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SItCLÉ Dt NAAA 73 cesse du Yamato, lui avait confié, et il rit qu'au dedans il y avait un briquet. Sur quoi, il faucha d'abord les herbes avec l'auguste Sabre, puis il prit le briquet et en fit jaillir du feu, et, allumant un feu contraire, il brûla (les herbes) et repoussa (l'incendie) ; et, revenant sur ses pas, il tua et anéantit tous les chefs de ce pays; et aus- sitôt il leur mit le feu et les brûla. Cette légende, si souvent représentée par les artistes japo- nais, est suivie d'un autre récit non moins célèbre : Lorsque, pénétrant plus loin, il passa la mer de Hashiri- misou (l'Eau courante), le dieu de ce passage souleva les vagues, secouant le vaisseau de telle manière qu'il ne pouvait pas avancer. Alors son impératrice, qui s'appe- lait l'auguste princesse Oto-tatchibana (m. à m. Cadette- orange), lui dit : « Ta concubine 1 entrera dans la mer à la place de l'auguste prince. L'auguste prince doit ache- ver la mission pour laquelle il a été envoyé, et revenir faire son rapport. » Lorsqu'elle fut sur le point d'entrer dans la mer, elle répandit huit épaisseurs de tapis de laiches, huit épaisseurs de tapis de peaux et huit épais- seurs de tapis de soie au sommet des vagues, et elle s'assit au-dessus. Sur quoi, les vagues furieuses tombè- rent soudain, et l'auguste vaisseau put avancer. Alors l'impératrice chanta, disant : « Ah! toi de qui je m'in- quiétais, quand tu étais au milieu des flammes du feu brûlant sur la petite lande de Sagamou, d'où l'on voit la véritable cime 1 ! » Sept jours après, l'auguste peigne de l'impératrice fut rejeté à la plage; et ce peigne, aussi- tôt recueilli, fut placé dans un auguste tombeau que l'on contruisit à cet effet*. 1. Terme d'humilité : le texte vient de nous dire qu'elle était son « impératrice », c'est-à-dire son épouse principale. Yamato-daké lui- môme, en raison de sa çloire légendaire, est traité comme un empe- reur, et notre texte emploie sans cesse à son égard les noms ouvertes honorifiques qui, d'ordinaire, sont réservés aux souverains. S. Sans doute le mont Fouji. 3. Le peigne, qui touche de si près à la personne, est considéré comme imprégné en quelque manière de son esprit. D'où l'interven- tion constante de cet objet dans la magie primitive et, ici, sa substi- tution au corps disparu* , y Google