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SIÈCLE DE NARA

mânes da chef d’Izoumo pour obtenir que jon fila muet retrouve la parole 1 , fait importer l’oranger du « Pays éternel », et institue une corporation de potiers qui remplaceront par des statuettes d’argile les victimes humaines qu’on enterrait vivantes au tombeau des grands*. Nous arrivons enfin, avec l’empereur Kéikô, à une légende fameuse : celle de Yamato* daké.

Ce héros, « le Brave du Japon », illustre par ses exploits le règne obscur de son père. Il commence d’ailleurs par assassin ner son frère aîné, qui avait manqué de respect au souverain ; puis, sur l’ordre de ce dernier, qu’inquiètent ses dispositions féroces, il va combattre tout d’abord les Koumaço rebelles de l’Ouest.

En arrivant à la maison des (deux) brigands Koumaço, l’auguste Wo-ouçou (un des premiers noms du prince) vit que, près de cette maison, il y avait une triple ceinture de guerriers qui s’étaient fait une caverne pour l’habiter. Et, tout en discutant avec bruit une fête pour l’auguste caverne, ils préparaient leur nourriture (ils allaient « pendre la crémaillère »). Donc, il se promena aux alentours, attendant le jour des réjouissances. Et quand vint le jour des réjouissances, ayant rabattu à la manière des jeunes filles son auguste chevelure nouée en haut (coiffure des garçons), puis ayant mis les augustes vêtements de sa tante (Yamato-himé, la grande-prêtresse d’Icé),41 avait tout à fait l’aspect d’une jeune fille. Mêlé aux concubines, il entra dans la caverne. Alors les deux brigands Koumaço, frère aine et frère cadet, charmés à la vue de cette vierge, la placèrent entre eux et manifestèrent leur joie de façon exubérante. Mais quand (la fête fut) à son plus haut point, tirant le sabre (qu’il avait caché) dans son sein, et saisissant le frère aîné par le collet de son vêtement, il lui enfonça l’arme dans la poitrine ; sur quoi, alarmé à cette vue, le frère cadet s’enfuit au dehors,’ Mais, le poursuivant et l’atteignant aux derniers degrés 1. Ce prince est le héros d’une légende qui constitue une des versions japonaises du mythe de Psyché.

2. Le Kojiki ne fait que mentionner l’établissement de cette corporation héréditaire ; mais le Nihonnghi nous raconte en détail la réforme, qu’il attribue à l’an 3 de notre ère. Comp., à Rome, l’abolition des sacrifices humains, pareillement remplacés far des offrandes de poupées.

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