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SIÈCLE DE NARA

dieu Grand -Seigneur de l’Océan instruisit, disant : a Quand tu daigneras accorder cet hameçon à ton frère aîné, voici ce que tu dois dire : « Cet hameçon est un gros hameçon, un hameçon impationt, un pauvre hameçon, un hameçon stupide 1 » » Gela dit, donne*le en tenant ta main derrière ton dos*. Et cela fait, si ton frère aîné prépare des champs élevés, que ta personne auguste prépare des champs bas ; et si ton frère aîné prépare des champs bas, que ta personne auguste prépare des champs élevés

  • . Si tu fais ainsi, ton frère aîné sera sûrement ruiné

dans l’espace de trois ans, grâce à ma manière de gou*verner las eaux. Si ton frère aîné, irrité de ta façon d'e> gir, venait à t’attaquer, exhibe le Joyau qui fait monter les, eaux» pour le noyer ; et s’il exprime ses regrets, exhibe le Joyau qui fait refluer les eaux, pour le laisser vivre. C’est ainsi que tu dois le harasser. » Avec ces paroles, il lui donna le Joyau qui fait monter les eaux et le Joyau qui fait refluer les eaux, deux en tout 4 ; et aussitôt, convoquant tous les crocodiles s , il les interrogea, disant : « (Le prince) Haut-comme-le-soleil-du-ciel, auguste fils du (souverain) Haut-comme-le-soleil-des-cieux, est sur le point de se rendre au Pays supérieur. Qui veut, et en combien de jours, respectueusement l’accompagner, puis me rapporter de ses nouvelles ? » Ainsi chacun, suivant la longueur de son corps en brasses, parla, fixant les jours, l’un d’entre eux, un crocodile d’une brasse, dU 1. De même qu’un bon hameçon fait la fortune de son possesseur, un mauvais hameçon, sur lequel on a jeté un sort, doit Causer sa perte.

2. Voir p. 41, , n. i.

3. Deux manières de cultiver le riz : dans des champs élevés, où le sol est sec, et dans des champs bas, inondés d’eau, qui sont les ■rizières proprement dites.

4. Shiho-fnitsvu-tama et ihiho’hirou-tama. Ce sont des talismans qui gouvernent les marées. Dans une variante du Nihonnçhi, le dieu de l’Océan enseigne encore à Feu-baissant le moyen de faire souffler la tempête en sifflant sur le rivage, de l’apaiser ensuite en oessàat de siffler.

5. Le crocodile étant inconnu au Japon, nous devons avoir ici un souvenir légendaire des îles du Sud d’où vint l’une des tribus conquérantes. A Batavia, on croit que les femmes enfantent souvent un petit crocodile, ce qui rappelle d’étrange manière l’histoire d’accouchement par laquelle s’achèvent les aventures de Feu-b*is*aut (voir ci-dessous, p. 69).

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