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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

pattes ; et, sentant qu’il l’aimait bien dans son cœur, il s’endormit. Alors, saisissant la chevelure du grand dieu, il l’attacha solidement aux diverses poutres de la maison ; puis, bloquant le plancher de la maison avec un roc qui n’aurait pu être soulevé que par cinq cents hommes, et prenant sa femme la princesse Soucéri sur son dos, il emporta le grand sabre de vie et l’arc et les flèches de vie du grand dieu, ’et aussi sa céleste harpe parlante 1 , et il s’enfuit au dehors. Mais la céleste harpe parlante frôla un arbre, et la terre résonna. Ainsi le grand dieu, qui dormait, sursauta au bruit, et renversa la maison 1 . Mais tandis qu’il dégageait sa chevelure liée aux poutres, il était déjà loin. Alors, le poursuivant jusqu’à la Pente unie des Enfers, et le regardant de loin, il appela le dieu Possesseur d’un grand nom, disant : « Avec le grand sabre de vie et l’arc et les flèches de vie, poursuis tes demi-frères jusqu’à ce qu’ils se terrent contre les augustes pentes des collines, et poursuis-les jusqu’à ce qu’ils soient balayés dans toute l’étendue des rivières, et toi, misérable ! deviens le dieu Maître du Grand Pays ; et de plus, devenant le dieu Esprit du Pays vivant, et faisant de ma fille la princesse Soucéri ton épouse légitime, plante solidement les piliers de ton Palais, au pied du mont Ouka, jusqu’à la base des plus profonds rochers, érige les poutres entre-croisées de ton toit jusqu’à laTPlaine des hauts cieux, et habite là, toi, misérable ! » Et lorsque, portant le grand sabre et l’arc, il poursuivit et dispersa les quatre-vingts dieux, il les poursuivit jusqu’à ce qu’ils fussent couchés contre les augustes pentes de toutes les collines ; il les poursuivit jusqu’à ce qu’ils fussent balayés dans toutes les rivières ; et il commença de faire le pays 9 . 1. Armes « de vie », sans doute parce qu’elles avalent la verto magique de procurer la longévité à leur possesseur ; harpe « parlante » (nori-goto), parce que c’était en jouant de la harpe qu’on recevait les oracles des dieux (voir ci-dessous, p. 75). 2. Comp. la légende de Sam son.

3. Voir p. 36, n. 3.

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