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SIÈCLE DE NARA

Seaux i» ; et aussitôt, l’appelant à l’intérieur, il le fit coucher dans la chambre des serpents. Là-dessus, sa femme» l’auguste princesse Soucéri, donna à son époux une écharpe à serpents, en lui disant : « Quand les serpents seront sur le point de te mordre, chasse-les en agitant cette écharpe trois fois. » fit comme il fit selon ses instructions, les serpents se calmèrent ; de sorte qu’il sortit après de doux sommeils. De nouveau, la nuit du jour suivant, il le mit dans la maison des mille-pattes et des guêpes ; mais comme elle lui donna encore une écharpe à mille-pattes et à guêpes, et qu’elle l’instruisit comme auparavant, il sortit avec tranquillité. Ensuite, il lança une flèche résonnante * au milieu d’une vaste lande ; puis, il l’envoya la chercher ; et lorsqu’il fut entré dans la lande, il mit le feu à la lande tout autour. Or, tandis qu’il ne savait par où sortir, une souris vint et dit : « L’intérieur est hora-kora ; le dehors est toubou-toubou*. » À cause de cette parole, il piétina le sol ; sur quoi, il tomba dedans et se Cacha ; et pendant ce temps, le feu passa sttr lui. Alors la souris apporta dans sa bouche et lui présenta la flèche résonnante. Les plumes de la flèche furent apportées dans leur bouche par tous les enfants de la souris. Sur ces entrefaites, sa femme la princesse) Soucéri arriva, portant l’appareil des funérailles et se lamentant. Son père le grand dieu, croyant qu’il était déjà mort et que c’en était fait de lui, sortit et se tint sur la lande ; mais (le dieu Possesseur d’un grand nom) apporta la flèche et la lui présenta. Sur quoi, le prenant avec lui dans sa demeure et l’introduisant dans une vaste salle large de huit pieds, il lui fit enlever les poux de sa tête ; et en regardant la tête, il y avait beaucoup de millepattes. Et comme là jeune femme donnait à son époux des baies de l’arbre moukou* et de la terre rouge, il écrasa les baies en les mâchant, *t il lés cracha avec la terre rouge qu’il tenait dans sa bouche ; si bien que le grand dieu crut qu’il mâchait et crachait les mille* 1. Nari-kaboura, flèche à tète percée de trous cftfi Ut (allaient résonner dans son vol.

2. Onomatopées qui peuvent se traduire par « creux, creux », et « étroit, étroit ».

3. Aphananthe aspera ou Geltis moukou. , y