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SIÈCLE DE NARA

Alors il lui demanda ! « Quelle formé a-t-il ? » Il répondit, disant : a Ses yeux sont comme des coque rets 1 , et il a un seul corps avec huit têtes et huit queues. En outre, sur son corps croissent des mousses, et pareillement des thuyas et des cryptomères 1 . Sa longueur s’étend sur plus de huit Vallées et de huit collines, et si l’on regarde son ventre, il est toujours sanguin et enflammé*. » Alors l’auguste Mâle impétueux et rapide dit au vieillard : a Si c’est là ta fille, veux-tu me l’offrir ? » Il répondit, disant : « Je suis très honoré, mais je ne sais pas ton auguste nom. » Alors il répondit, disant : « Je suis le frère aîné de la Grande et auguste divinité qui brille dans les deux ; et ainsi, je viens de descendre du ciel. » Alors les divinités A shi-nazou-tchi et Té-nazou-tchi dirent : ce S’il en est ainsi, nous serons très honorés de te l’offrir. » Ainsi l’auguste Mâle impétueux et rapide, tout de suite prenant la jeune fille et la changeant en un peigné multiple et dense qu’il planta dans l’auguste nœud de sa chevelure, dit aux divinités Ashi-nazou-tchi et Té-nazou-tchi : « Préparez du saké huit fois raffiné. De plus, faites une clôture circulaire ; à cette clôture, faites huit portes ; à ces portes, liez huit plates-formes ; sur chaque plateforme, mettez une cuve à saké ; et dans chaque cuve, versez le saké huit fois raffiné , et attendez. » C’est pourquoi, ayant ainsi disposé toutes choses suivant ses ordres, comme ils attendaient, le serpent à huit fourches vint vraiment comme (le vieillard) avait dit, et à l’instant plongea une tôte dans ohaque cuve, et but le saké ; sur quoi, enivré par la boisson, tout entier il se coucha et dormit. Alors l’auguste Mule rapide et impétueux, tirant le sabre de dix largeurs de main dont il était augustement ceint» tailla le serpent en pièces ; de sorte que la rivière Ci coula changée, en une rivière de sang. 1. AkaJeagatchi, aujourd’hui hohozouki, le Physalis Franchcti, alkékenge dû Japon qu on commença à cultiver en* Europe» 2. Ninçlii, une espèce de pi*> le Thuya obtusa. — Soughi, un côdre géant, Cryptomeria japonioa.

3. Ce portrait du monstre est une description poétique du fleuve lui-même, avec son cours serpentin, ses affluents nombreux, ses rives boisées et ses eaux profondes, dont les dieux animaux étaient vins doute apaisés, à l’origine, par des sacrifices humains qui lurent ensuite abolis.

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