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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

Fouto-tama les prenant et tenant arec les grandes et augustes offrandes * ; l’auguste Àmé-no-koyané prononçant avec ardeur de puissantes paroles rituelles * ; le dieu Àmé-no-tajikara-wo* se tenant caché près de la porte ; l’auguste Àmé-no-Ouzoumé 4 se mettant comme appuibras 8 le céleste lycopode* du céleste mont Kagou, et faisant du céleste évonyme 7 sa guirlande de tête, [et liant des feuilles de bambou nain* du céleste mont Kagou comme bouquet pour ses mains, et posant une planche résonnante devant la porte de la Céleste demeure de rochers, et piétinant jusqu’à ce qu’elle la fit résonner, agissant comme possédée, par un dieu 9 , et tirant les mamelons de ses seins, elle repoussa le cordon de son vêtement jusqu’au-dessous de sa ceinture 10 . Alors, la Plaine des hauts cieux tremblant, les huit cents myriades de dieux rirent en même temps. Sur quoi, la Grande et auguste divinité qui brille dans les cieux, pensant cela étrange, ayant entr’ouvertla porte delà Céleste demeure de rochers, parla ainsi de l’intérieur : a Je pensais que, 1. Ces « augustes offrandes » {mi-tégoura), recevant ensuite la forme conventionnelle des oho-nouça (v. ci-dessus, p. 33, n. 2), deviendront enfin le gohei de papier qu’on voit aujourd’hui dans tous les temples.

2. C’est-à-dire : un norito. Comp. ci-dessus, p. 29, n. 10. 3. Main-force-mâle.

4. La « Femme terrible » du Ciel. Ancêtre des Saroumé (Sarou, Singe, mé, femmes), danseuses de la cour ainsi appelées en raison d’un mythe que nous trouverons plus loin (p. 60), et dont les pantomimes sacrées seront le prototype de la kagoura qu’on peut voir aujourd’hui même.

5. Voir ci-dessus, p. 26, n. 7.

6. Hikaglié, le lycopode commun ou berbe aux massues. 7. Maçaki no kazoura. V. plus bas, p. 151, n. 4. 8. Saça, nom générique de divers pelits bambous. 9. Le passage correspondant du Nihonnghi parle d’une possession véritable ; et défait, l’hypnotisme joue un grand rôle dans le Shinntô (voir notamment plus bas, p. 75).

10. Cette longue phrase est un bon exemple de la manière synthétique, et par suite confuse, dont pensent les Japonais. Le dieu de la Ruse ayant combiné un plan d’ensemble, tous les détails de l’exécution viennent s’accrocher à cette idée générale : le sujet des verbes est souvent obscur, et même lorsqu’on nous dit que tel dieu a fait telle chose, il faut sous-entendre un sens causatif qui se rap- }>orte à l’action déterminante du début. Mais dans ces quelques ignés, on trouve condensés tous les éléments essentiels du culte shinntoïsle, en même temps que les procédés spéciaux de la magie japonaise en cas d’éclipsé.

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