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SIÈCLE DE NARA

XV. — LES AUGUSTES RAVAGES DE L AUGUSTE MALE IMPÉTUEUX

Alors l’auguste Mâle rapide et impétueux dit à la Grande et auguste divinité qui brille dans les cieux : « Grâce à la clarté de mon cœur 1 , moi, engendrant des enfants, j’ai obtenu des êtres féminins délicats. A parler d’après cela, tout naturellement j’ai remporté la victoire

  • . » Et à ces mots, dans l’impétuosité de cette victoire,

il renversa les séparations des rizières préparées par la Grande et auguste divinité qui brille dans les cieux, combla les fossés d’irrigation, et de plus répandit des excréments dans le palais où elle goûtait la Grandenourriture

  • . Et, bien qu’il agit ainsi, la Grande et auguste

divinité qui brille dans les cieux, sans lui faire de reproches, dit : « Ce qui ressemble à des excréments doit être quelque chose que mon auguste frère aîné aura vomi, étant ivre. De plus, pour le renversement des séparations de rizières et le comblement des fossés, c’est sans cloute parce qu’il regrette la terre (que ces choses occupent) 4 que mon auguste frère agit de la sorte » ; mais bien qu’elle l’excusât par ces paroles, il continuait encore ses mauvaises actions et devenait violent à l’extrême. Alors que la Grande et auguste divinité qui brille dans les cieux siégeait dans la sainte salle des vêtements, veillant au tissage des augustes vêtements 1. C’est-à-dire : grâce à la sincérité de mes intentions. 2. Phrase étrange : car ce sentiment est contraire, d’abord, atout ce que nous savons des idées primitives sur l’importance relative des garçons et des filles ; puis, a la version du Nihonnghi, qui est conforme à ces idées, et qui justement nous a permis d élucider la nature du serment intervenu ; enfin, à la psychologie la plus élémentaire : car comment Souça-no-wo pourrait-il se réjouir d’une attribution qui lui fait perdre un pari gagné ? Je crois donc que, tout au rebours, c’est le sophisme imaginé par sa sœur qui le fait entrer en furie. Le rédacteur n’aurait-il pas écrit tout simplement ■ êtres féminins » pour « êtres mâles » ? De deux choses en opposition, lorsqu’on conçoit l’une, on pense à l’autre ; et bien souvent, dans les textes japonais, des scribes ont mis « main » pour « pied » ou « ciel » pour « terre ».

3. Elle célébrait au Ciel la fête des prémices. 4. En d’autres termes, il pense que ces séparations, ces fosses enlèvent trop de terre à la culture.

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