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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

brandit et ficha tout droit son arc dont le sommet trembla ; et, frappant du pied, elle enfonça le sol dur jusqu’à la hauteur de ses cuisses opposées, en le chassant comme de la neige ; et elle se tint vaillamment, comme un homme puissant, et, attendant, elle demanda : « Pourquoi es-tu monté ici 1 ? » Ces préparatifs homériques semblent annoncer une formidable querelle ; cependant le jeune dieu affirme qu’il n’a pas de mauvais desseins, et pour le prouver, il propose à la déesse un serment qui établira leur bonne foi mutuelle a . Les deux divinités, séparées par la Tranquille rivière du ciel*, échangent les paroles qui les engagent ; et de nouveaux êtres divins émanent du brouillard de leur haleine, pendant que le frère livre à la sœur son sabre, qu’elle brise en trois morceaux, et que la sœur abandonne au frère ses joyaux, qu’il brandit, fait tinter et disperse en soufflant.

XIV. — L’AUGUSTE DECLARATION DE LA DIVISION DB8 AUGUSTES ENFANTS MALES ET DES AUGUSTES ENFANTS FÉMININS

Elle proclame alors quels sont ceux de ces dieux qui, suivant leur origine, devront être considérés comme enfants de l’un ou de l’autre 4 ; et c’est ainsi que les empereurs japonais, descendants d’Oshi-ho-mimi 5 que produisit le souffle de Souça-nowo, mais que la déesse du Soleil réclama comme sien parce que cette action magique s’était exercée sur une parure lui appartenant, pourront se regarder comme les petits-fils de l’astre.

— Mais le terrible Mâle va se livrer aussitôt à mille violeuces, dont le résultat sera l’épisode central de notre mythologie. 1. Comp.,dans le mythe égyptien, Horus affrontant les puissances des ténèbres.

2. Quel serment ? Le texte n’en dit rien ; mais plusieurs passages du Nihonnghi (I, 31 à 36) nous montrent qu’il s’agissait d’un pari : si Souça-no-wo produisait des enfants mâles, sa sœur devrait admettre la pureté de ses intentions.

3. La Voie lactée.

4. Pourquoi celte division ? Le Kojiki laisse ce point obscur. Par le Nihonnghi (1, 34, 36), nous voyons que Souça-no-wo, ayant eu des enfants mâles, est par là môme victorieux. Mais la déesse ne se tient pas pour battue : elle déclare que ces enfants, nés de ses joyaux, sont à elle, tandis que les enfants féminins, issus du sabre de Souça-no-wo, doivent être attribués à ce dernier. 5. J’abrège ce nom qui, complet, n’a pas moins de 23 syllabes. , y