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SIÈCLE DE NARA

de main dont il était augustement ceint, et de sa main le brandissant derrière lui 1 , il fuyait en avant ; et comme ils le poursuivaient, lorsqu’il atteignit la base de la Pente unie des Enfers 1 , il prit trois pèches qui avaient mûri à cette base, et attendant, et les frappant, tous s’enfuirent en arrière’. Alors l’auguste Izanaghi, solennellement, dit aux pêches : « De même que vous m’avez secouru, ainsi, tous les hommes visibles de ce Pays central des plaines de roseaux, lorsqu’ils tomberont dans le trouble et qu’ils seront harassés, secourez-les » ; et ayant prononcé ces mots, il conféra le nom d’auguste Grand-fruit-divin.

Enfin, en dernier lieu, sa jeune sœur l’auguste Izanami vint elle-même le poursuivre. Alors, il souleva un rocher, que mille hommes n’auraient pu porter, pour bloquer la Pente unie des Enfers, et le plaça au milieu ; et comme ils se tenaient en face l’un de l’autre, échangeant leurs adieux 4 , l’auguste Izanami parla : « mon auguste et charmant frère aîné, si tu agis ainsi, j’étran* glerai et ferai mourir, en un seul jour, un millier d’hommes de ta terre » ; elle dit. Alors l’auguste Izanaghi prononça : « mon auguste jeune sœur charmante, si tu fais cela, je dresserai, en un seul jour, mille cinq cents maisons d’accouchement 5 . Ainsi, en un seul jour, sûrement mille hommes mourront : en un seul jour, sûrement mille cinq cents hommes naîtront 6 . » C’est pourquoi l’auguste Izanami est appelée la Grande-divinité- 1 . Il a soin de ne pas se retourner. Comp. l’attitude des anciens Grecs sacrifiant aux dieux souterrains. 2. Passage qui reliait le monde inférieur au monde des vivants. 3. Le pêcher, aux fruits éclatants, est un arbre magique au Japon comme en Chine.

•4. Allusion aux formules du divorce. 5. C’est-à-dire : Je rendrai mères quinze cents femmes. — L’accouchement étant regardé comme impur (comp. la loi hébraïque et, de nos jours encore, la cérémonie catholique des relevailles), la femme japonaise devait se retirer pour cela dans une hutte particulière.

6. C’est en se fondant sur ce mythe, destiné à expliquer pourquoi, malgré la mort, l’humanité se développe sans cesse, que les Japonais s’appellent eux-mêmes « le céleste surcroit de population. » Comp. ci-dessus, p. 28, n. i.

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