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PÉRIODE ARCHAÏQUE

calamité des vers rampants[1], la calamité des dieux d’en haut[2], la calamité des oiseaux d’en haut[3], tuer les animaux[4], faire des sortilèges[5].

Quand de telles choses apparaissent, que le Grand-Nakatomi, suivant les rites du palais céleste[6], coupant le bas et coupant l’extrémité de célestes jeunes arbres, en fasse un millier de tables[7] pour d’abondantes offrandes[8] ; qu’il fauche et coupe au bas, qu’il fauche et coupe à l’extrémité de célestes teilles de laîches, et qu’il les fende de plus en plus fin avec l’aiguille[9] ; et qu’il prononce alors les puissantes paroles rituelles du céleste rituel[10].

Ce faisant, les dieux célestes, poussant et ouvrant la céleste porte de rochers[11] et se frayant une route, d’un puissant écartement de route, à travers les célestes nuages huit fois repliés, prêteront l’oreille ; les dieux du pays[12], montant au sommet des hautes montagnes et au

    ciser ici, et j’en omets un cinquième. Le lecteur désireux d’avoir une liste complète pourra se reporter au Lévitique, chap. XVIII, où l'énumération japonaise que je supprime est représentée par les versets 7, 17, 15, 8 et 23.

  1. Morsure des serpents, des myriapodes et autres bêtes venimeuses, d’autant plus à craindre que la hutte primitive n’avait point de plancher.
  2. C’est-à-dire, surtout, la foudre.
  3. Entrant par les trous qui, à chaque pignon, laissaient échapper la fumée du feu, ils pouvaient souiller les aliments. Le Rituel porte-bonheur du Grand Palais nous montre que, même chez le souverain, les vers d’en bas et les oiseaux d’en haut n’étaient pas moins redoutés.
  4. Du voisin, peut-être au moyen de mauvais sorts.
  5. Un passage du Kojiki nous fait voir que l’envoûtement était connu dans la plus ancienne magie japonaise.
  6. Par un renversement de l’évolution réelle des choses, on suppose qu’une Purification pratiquée par la déesse du Soleil servit de modèle à la cérémonie terrestre, tandis qu’évidemment cette dernière donna l’idée du mythe auquel on prétend la rattacher.
  7. On n’employait que la partie médiane du tronc, la meilleure, pour fabriquer ces tables.
  8. Ces offrandes de la Purification (harahi tsou mono) consistaient en pièces d’étoffe, armes, gerbes de riz, etc. ; on y voit figurer aussi des chevaux et des esclaves.
  9. Apparemment pour en faire un balai avec lequel on chassait (harahi) les offenses.
  10. C’est-à-dire, de notre rituel même, dont les mots ont une vertu magique.
  11. La porte, faite de rochers, de leur palais. Comp. le Kojiki, ci-dessous, p. 46.
  12. Les dieux de la terre, par opposition aux dieux du ciel.