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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

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b. — LA POÉSIE COMIQUE :
KYÔKA ET KYÔKOU


La kyôka, ou « poésie folle », est une tannka comique ; la kyôkou, ou « vers foue », est pareillement une hokkou humoristique. Ce sont, dans le moule classique de l’outa ou de la haïkaï sérieuses, des plaisanteries d’autant plus piquantes que le fond contraste mieux avec la gravité traditionnelle de la forme, et même, très souvent, avec des morceaux connus dont elles constituent la parodie. La kyôka, inaugurée dès le xiie siècle et développée ensuite au xie, s’épanouit pleinement, après la sombre période des guerres, pendant l’époque de joie tranquille qu’ouvrit la paix d’Iéyaçou ; la kyôkou, issue de la hokkou, apparut naturellement à cette même époque d’Edo ; et toutes deux furent surtout en vogue dans la seconde moitié du xiiie siècle.


KYÔKA


Ce genre fut illustré, d’abord, par un certain Sorori [2], puis par le fameux humoriste Shokouçannjinn (1749-1823) [3], par ses contemporains Ishikawa Gabô [4] et Katsoubé Magao [5], et par bien d’autres poètes.


SORORI


On n’a jamais entendu dire, même à l’âge des dieux
Puissants et rapides,
Qu’un sac en papier,

  1. teur s’identifie au sac à provisions qu’il emporte lorsqu’il va contempler la lune ou l’épanouissement des fleurs, et il loue ce fidèle et joyeux compagnon de se montrer, comme lui, un être changeant, qui se moque du montée et sait s’adapter à la fantaisie des choses.
  2. Soughimoto Shinnzaémon, fabricant de fourreaux de sabres, qui fut surnommé Sorori, « Doucement », tant la lame entrait bien dans les fourreaux sortis de son atelier. Très spirituel, il fut pour ainsi dire le bouffon de Hidéyoshi, à la fin du xvie siècle.
  3. De son vrai nom, Ohta Tan ; connu aussi sous le nom d’Ohta Nammpo, avec un autre pseudonyme.
  4. 1753-1830. Pseudonyme : Yadoya Méshimori.
  5. 1753-1829.