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PÉRIODE ARCHAÏQUE

cieux[1], par leur auguste parole daignèrent assembler en une divine assemblée les huit cents myriades de dieux, et daignèrent délibérer en une délibération divine[2], et respectueusement donnèrent mandat[3], en disant : « Que l’auguste souverain Petit-fils[4] gouverne paisiblement, comme un pays tranquille, le Pays des frais épis de la luxuriante plaine de roseaux[5]. » Ils daignèrent poursuivre, d’une poursuite divine, les divinités sauvages du pays ainsi conféré[6] ; et ils daignèrent les expulser, d’une expulsion divine ; et ils réduisirent au silence les rochers, les troncs des arbres et jusqu’aux moindres feuilles des herbes, qui avaient eu le don de la parole[7] ; et, renvoyant du céleste siège de rochers[8], frayant une route, d’un puissant écartement de route[9], à travers les célestes nuages huit fois repliés, respectueusement ils le firent descendre du ciel, et respectueusement ils lui conférèrent (ce pays). Comme centre des pays des quatre régions ainsi conférés, le pays du grand Yamato[10], où l’on voit en haut le soleil, comme un pays tranquille fut respectueusement désigné. Et, fondant solidement les piliers de l’auguste demeure à la racine des plus profonds rochers, érigeant les poutres entre-croisées du toit jusqu’à la Plaine des hauts cieux, respectueusement on construisit le frais et auguste séjour de l’auguste souverain Petit-fils, afin qu’il pût s’y abriter comme auguste ombre du ciel et comme auguste ombre

  1. Un véritable pays, avec des montagnes, des rivières, des champs et la suite, que les Japonais primitifs situaient au-dessus des nuages.
  2. Voir plus bas, au Kojiki, p. 58.
  3. « Respectueusement », parce que ce mandat est donné à l’ancêtre des empereurs.
  4. Le prince Ninighi, fils d’un autre dieu qui était lui-même fils adoptif de la déesse du Soleil. V. ci-dessous, au Kojiki, p. 44.
  5. Noms poétiques du Japon primitif.
  6. C’est-à-dire les aborigènes qui s’opposèrent à l’invasion de la tribu conquérante. Voir plus bas, au Kojiki, p. 59.
  7. Croyance produite sans doute par le phénomène de l’écho dans les montagnes. Un autre Rituel (no 27 du recueil) évoque le temps lointain où « les rochers, les arbres et l’écume des eaux bleues parlaient ».
  8. Les dieux tenaient leurs assises sur les rochers de la « Tranquille rivière du ciel » (la Voie lactée), que nos Japonais s’imaginaient naturellement desséchée comme les torrents de leur pays.
  9. Voir plus bas, au Kojiki, p. 60.
  10. Voir p. 273, n. 1.