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PÉRIODE ARCHAÏQUE

Rayonnant d’en haut[1],
Qui est ample
Comme les feuilles,
Qui est brillant
Comme les fleurs
Du véritable camélia à cinq cents branches,
Au vaste feuillage[2],
(Du camélia) qui se dresse et grandit
Auprès de la maison où l’on goûte les prémices[3],
Sur cette colline
Légèrement élevée
De la haute métropole
Du Yamato[4] !

(Kojiki, vol. III[5].)

  1. On sait que la mythologie japonaise fait des empereurs les descendants de la déesse du Soleil (voir le Kojiki sec. XIV, ci-dessous, p. 44).
  2. Le camélia, au Japon, est un grand arbre ; et on conçoit fort bien que ses larges branches, couvertes de fleurs d’un rouge éclatant, aient pu être prises comme image de la majesté impériale.
  3. La salle sacrée où, chaque année, le souverain offrait aux dieux et goûtait lui-même les prémices de la moisson.
  4. C’est-à-dire : de la capitale du Japon (v. p. 70 et 76). — Il serait difficile d’exprimer avec plus d’ampleur poétique cette simple idée : « Offrez une coupe à Sa Majesté. » — L’unique phrase dont se composent ces seize vers commence, en japonais, par Yamato no, « du Yamato », et se termine nécessairement par le verbe taté-matsouracé, « présentez » ; donc, si on voulait penser cette poésie à la japonaise, il faudrait lire la traduction à rebours, de manière à faire tomber la phrase, suivant l’intention même ,du poète, sur l’impératif qui est la conclusion élégante de tout son développement.
  5. On trouvera quelques autres chants primitifs, également tirés du Kojiki, ci-dessous, p, 69 ; p. 140, n. 1, 2 et 4.