Page:Revon - Anthologie de la littérature japonaise, 1923.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE


Ho ! c’est le moment ;
Ho ! c’est le moment ;
Ha ! Ha ! Psha !
Tout à l’heure,
Mes enfants !
Tout à l’heure,
Mes enfant !


(Nihonnghi, III, 21, qui nous apprend qu’au viiie siècle même les soldats de la garde impériale chantaient encore ces vers grossiers, en les faisant suivre toujours d’un énorme éclat de rire.)

Poésie du même empereur Jimmou, saluant l’entrée au palais de son épouse, I-souké-yori-himé, qu’il avait connue d’abord dans une humble chaumière, au bord de la Rivière des Lys :


Sur la plaine de roseaux,
Dans une hutte humide,
Ayant étendu plusieurs épaisseurs
De nattes de laîches,
Nous avons dormi tous deux !

(Kojiki, vol. II.)

Enfin, chant par lequel une impératrice, femme de l’empereur Youryakou (ve siècle), ordonne à une dame d’honneur d’offrir au souverain la coupe de saké :


Présentez avec un profond respect
L’abondant et auguste saké
A l’auguste Enfant du soleil


    fait, même après l’ère chrétienne, ces dates sont contredites par les annales chinoises et coréennes, fondées sur un calendrier ; et il faut arriver à l’an 461 pour trouver une date du Nihonnghi confirmée par ces histoires continentales. C’est donc seulement à partir de l’an 500 environ qu’on peut avoir confiance dans la chronologie nationale, et les publications officielles qui, prenant comme point initiai l’avènement de Jimmou en 660 avant J.-C, prétendent donner l’année 1910 de notre ère pour l’an 2570 de l’ère japonaise, s’appuient sur un fait certainement faux. Il n’en est pas moins vrai que le peuple japonais s’organisa plusieurs siècles avant l’ère chrétienne et que les tombeaux de ses premiers chefs, l’élaboration originale de sa langue, le caractère primitif de ses anciennes traditions suffisent à établir cette haute antiquité qu’on ne peut plus fonder sur une date puérile.