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INTRODUCTION

de nouveau par un curieux livre d’impressions que nous devons pareillement à un bonze. Sous la période de Mouromatchi, au contraire, la paix fait renaître bientôt une cour élégante et artiste. C’est le temps où triomphent, avec les cérémonies du thé, deux formes esthétiques, l’art des jardins et l’art des bouquets, qui resteront comme les créations les plus originales de l’art japonais en général. Mais, dans le champ de la littérature, qui demande une plus longue préparation, les heureux résultats de cette tranquillité ne pouvaient être aussi rapides ; après trois cent cinquante ans de guerres continuelles, il fallait d’abord se remettre aux études ; et c’est ainsi que la période de Mouromatchi, si brillante au point de vue artistique, ne fut guère illustrée, en ce qui touche les lettres, que par un seul genre nouveau, d’ailleurs tout à fait remarquable : celui des drames lyriques connus sous le nom de Nô.

VI. — Les Ashikaga s’étant laissés aller, comme avant eux les autres shôgouns et les empereurs eux-mêmes, à négliger les soins du gouvernement, la féodalité releva la tête et l’anarchie reprit de plus belle. En même temps, depuis la découverte du Japon en 1542, une nouvelle cause de troubles arrivait de l’extérieur avec les moines portugais et espagnols, dont les intrigues fournirent à certains seigneurs locaux l’occasion d’accroître encore le désordre. C’est alors qu’apparurent, dans la seconde moitié du xvie siècle, trois hommes fameux qui reconstituèrent la centralisation politique : Nobounaga, un petit daïmyô qui réussit à soumettre la majeure partie du pays, déposa le shôgoun en 1573 et prit lui-même, à défaut de ce titre nominal, l’autorité effective ; Hidéyoshi, un simple paysan qui, devenu le principal lieutenant de Nobounaga, compléta d’abord son œuvre par de nouvelles, vic-