de rattacher les diverses floraisons littéraires à sept grandes époques historiques, illustrées par autant de changements sociaux. Jetons un coup d’œil, à vol d’oiseau, sur cette histoire générale de la civilisation dans ses rapports avec la littérature, en attendant que chaque période successive nous amène à préciser davantage les détails de notre sujet.
I. — La première période est celle qui commence aux origines mêmes de l’empire et qui s’étend jusqu’au début du viiie siècle après Jésus-Christ. Le peuple japonais, formé sans doute d’un mélange d’immigrants continentaux et de conquérants malais, s’établit et s’organise peu à peu ; quelques siècles avant notre ère, un chef puissant, Jimmou, fonde sa capitale dans le Yamato ; d’autres empereurs lui succèdent, qui d’ailleurs changent sans cesse le siège du gouvernement ; et dans ces conditions primitives, où la cour même est pour ainsi dire nomade, la civilisation ne se développe qu’avec peine, jusqu’au jour où Nara devient le centre solide d’un véritable progrès social. Cette époque archaïque est cependant marquée par deux faits d’une importance décisive au point de vue littéraire : l’introduction de l’écriture, qu’ignoraient les Japonais primitifs, qu’ils reçurent de la Chine, avec bien d’autres arts, par l’intermédiaire de la Corée et qui, répandue chez eux depuis le début du ve siècle, entraîna par là même l’étude des classiques chinois ; puis, cent cinquante ans plus tard, l’importation du bouddhisme, qui, après n’avoir été tout d’abord, au milieu du vie siècle, qu’une vague idolâtrie étrangère, obtint dès le viie siècle une influence plus sérieuse qui allait s’épanouir au grand siècle suivant. Les humanités chinoises devaient jouer au Japon le même rôle que, chez nous, la Grèce et Rome tout ensemble, et le bouddhisme était destiné à exercer sur le peuple japonais une