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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

mêmes, soit dans telle vieille anthologie poétique, soit dans tels recueils modernes comme ceux de MM.  Souzouki et Otchiai ou de MM.  Mikami et Tarkatsou, m’ont aidé à suivre la bonne voie.

Pour la traduction même des textes, je n’ai visé qu’à une exactitude aussi complète que possible. Tâche ardue : car d’abord, d’une manière générale, la langue japonaise est extrêmement vague et donne souvent lieu, pour un même passage, à toutes sortes d’interprétations ; puis, pendant les douze siècles qu’a traversés la littérature nationale, cette langue a subi de telles transformations que les ouvrages anciens, qui comprennent justement les livres sacrés fondamentaux, les poésies les plus originales et tous les chefs-d’œuvre de l’âge classique, ne peuvent être compris des Japonais modernes qu’au moyen de commentaires postérieurs ; si bien que les philologues européens ne s’en tirent eux-mêmes, pratiquement, qu’avec le secours de lettrés indigènes particulièrement versés dans la langue de telle ou telle époque. Même avec cette aide des morts et des vivants, la pensée des vieux auteurs demeure souvent incertaine, commentateurs et interprètes aboutissant constamment à des résultats contradictoires, qui exigent de longues vérifications ; et quand enfin on croit tenir le sens, on ne sait comment rendre en français les nuances de l’expression japonaise. Néanmoins, j’ai essayé de donner des versions précises et serrées ; dans certains cas, j’ai pu arriver, pour ainsi dire, à photographier la pensée indigène ; et par exemple, mes traductions de poésies japonaises correspondent souvent au texte original mot pour mot, toujours vers pour vers. Mais pour obtenir ce résultat, j’ai dû mettre de côté tout amour-propre d’écrivain et sacrifier sans cesse, de propos délibéré, l’élégance à l’exactitude. On ne