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VOYAGE


CHAPITRE XIII

Fabrication de cordages. — La grotte aux peintures murales. — Ruth près des étangs. – Provisions pour la forteresse. — Blocus. — L’attaque et la défense. – Effusion de sang. — Resserrement du siège des sauvages. — Crainte de famine.


Max Mayburn éprouva une grande inquiétude jusqu’au moment où, l’aube ayant paru, il put se mettre en route avec tout son monde, car les buissons, selon lui, étaient un emplacement excellent pour leurs ennemis.

Tout en s’avançant, les jeunes gens trouvèrent des quantités de lianes textiles, dont les filaments avaient une vingtaine de pieds de long et pendaient aux arbres de tous les côtés. Ils en firent ample provision et s’éloignèrent en emportant ce fardeau, qui pouvait les tirer d’embarras.

Ils parvinrent ainsi devant une sorte de colonne, formée par un rocher très élevé, plantée dans la terre, au milieu d’un espace ouvert où l’attaque des ennemis n’était point à craindre. On fit halte pour le déjeuner, qui se composa de grillades de kangarou. Le repas terminé, Jack attacha une extrémité de ses lianes filamenteuses à un arbre, et commença une corde qui atteignit bientôt une très grande longueur. Ses camarades se livrèrent au même travail si bien que, lorsque vint le moment du départ, tous les jeunes gens se trouvèrent chargés à un tel point, qu’ils pliaient sous le poids. Ils ne marchèrent pas moins courageusement, avec le désir d’employer, aussitôt que possible, ces cordes à l’ouvrage proposé par Jack.

Leur route les amena vers une chaîne de collines s’étendant de l’est à l’ouest, au pied de laquelle ils parvinrent avant la fin du jour.

On trouve toujours, dans les gorges de ces montagnes de l’Australie, des grottes où l’on peut se cacher. Les voyageurs ne tardèrent pas à rencontrer une de ces cavernes qui peuvent contenir vingt personnes au moins ; elle était parfaitement sèche, et un sable fin en couvrait le sol. Dès que le feu eut été allumé, les nouveaux venus découvrirent que déjà la grotte avait été habitée ; car les parois en étaient couvertes de peintures sauvages, représentant des animaux et des hommes, coloriés et d’un aspect saisissant.

Ce fut avec un grand plaisir que les jeunes gens examinèrent les dessins figurant des kangarous, des opossums, des lézards de diverses grandeurs et des têtes d’homme colossales, dont les lignes ressemblaient fort à celles que tracent les enfants au début de leurs leçons.

« Je ne crois pas qu’il me fût possible de dessiner un kangarou aussi bien que celui-là, observa Gérald ; mais je pense que je rendrais mieux une tête