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AU PAYS DES KANGAROUS

le long de la rive. C’est convenu, il nous faut rapidement entreprendre ce voyage.

– Voici précisément devant nous un arbre à gomme, dont le produit nous servira soit à raccommoder nos canots, soit à d’autres préparations. Nous amènerons Jack ; mais, que dis-je ? j’oublie que tous ses outils ont été emportés à bord du radeau naufragé.

— C’est une grande perte, répondit Arthur ; mais il ne faut pas se désespérer pour cela. Avec du travail on parvient à tout. »

En arrivant près du campement, les trois explorateurs trouvèrent Jack examinant d’un air soucieux les deux canots désemparés. Wilkins et Marguerite s’étaient dirigés sur la plage afin de profiter de la marée basse et de découvrir, si faire se pouvait, quelque épave du radeau échappée aux attaques de la mer. Gérald les avait rejoints, et bientôt il poussa un cri de joie en leur indiquant un coffre de pommes de terre, que Jack avait solidement cloué afin d’empêcher que les tubercules ne fussent atteints par l’eau de mer. Ils étaient secs, en effet.

Marguerite, à son tour, découvrit un sac de toile renfermant du linge, que Black Peter n’avait pas cru devoir emporter, mais que la sœur d’Arthur et de Hugues appréciaient à sa juste valeur.

On se hâta d’apporter au campement ces épaves précieuses. Jenny et Ruth étaient désolées.

« Quelle malchance, Mademoiselle ! dit la cuisinière à Marguerite, l’eau de la rivière est tellement saumâtre, qu’elle ne peut servir à nul autre usage qu’à la cuisson du poisson, et nous n’en avons pas.

— Je n’avais pas réfléchi, dit Max Mayburn, que la marée montante doit infailliblement ramener l’eau salée, et il nous faut, coûte que coûte, nous éloigner d’ici.

— Tout d’abord, nous allons dîner avec ces œufs, Jenny, observa Arthur. Cela fait, Jack et moi nous remonterons le cours de la rivière, et nous trouverons bien quelque source se jetant dans le grand cours d’eau pour nous désaltérer.

— Cela suffira pour nous, mais pour les autres ? Comment leur rapporterons-nous leur part, faute de récipients autres que des écailles d’huîtres ou de moules ? Plût à Dieu que la mer nous rendît notre tonneau ! Allons examiner la plage, et voir si la mer l’a rapporté sur le sable.

— Je crains bien qu’à cause de sa pesanteur les vagues n’aient pas pu le soulever et le ramener près de nous. Ce tonneau doit être à moitié enseveli dans le sable, et il faudra une grande tempête pour le détacher et le lancer à la côte. Nous choisirons les plus grands coquillages que nous pourrons trouver pour les remplir et les rapporter ici, en employant toutes les précautions possibles. Ah ! si l’un des canots était en état, nous vaincrions toutes les difficultés. Jack, voyons, pouvez-vous les réparer ? »

Jack fouilla dans ses poches, et n’y trouva que quelques paquets de ficelle, un couteau à fermoir, un marteau et une poignée de clous.

« Je voudrais avoir ma hache et ma scie, fit-il ; alors tout irait bien. Mais ne nous laissons pas abattre. Nous trouverons autre chose pour réparer ces canots. Dieu merci, M. O’Brien a toujours son arc et ses flèches.